Une alerte de type Amber est réclamée pour les personnes vulnérables en Ontario

Émilie Gougeon-Pelletier - IJL – Réseau.Presse – Le Droit - La récente disparition d’un Ontarien autiste de 18 ans a poussé le Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario à renouveler sa demande au gouvernement de créer une alerte de type Amber pour les personnes vulnérables.
Jenny Tozer était à Queen's Park, mercredi, pour appuyer le projet de loi 74. (Émilie Gougeon-Pelletier/Émilie Gougeon-Pelletier)
Photo : Jenny Tozer était à Queen’s Park, mercredi, pour appuyer le projet de loi 74. (Émilie Gougeon-Pelletier/Émilie Gougeon-Pelletier)

En octobre, toutefois, l’angoisse s’est transformée en cauchemar pour Jenny Tozer, lorsque son fils a disparu de la ferme familiale près de Havelock, à un peu plus de 200 kilomètres à l’ouest d’Ottawa, pendant 16 jours.

Dans cette vaste région rurale, le jeune homme a erré dans les bois, dormi près des rails de trains. Seul et perdu, il a survécu.

Il a été retrouvé sain et sauf par la Police provinciale de l’Ontario (PPO), le matin du 30 octobre, dans un bâtiment abandonné qui avait été identifié comme l’une de ses cachettes habituelles et qui avait été fouillé à plusieurs reprises depuis sa disparition.

« Il avait parcouru environ 35 kilomètres vers le nord. S’il y avait eu une sorte d’alerte, peut-être que quelqu’un l’aurait vu en chemin. Et j’ai eu de la chance, il est rentré à la maison en un seul morceau », a soutenu Jenny Tozer.

Alertes d’urgence

La PPO a l’autorité d’émettre des alertes d’urgence liées aux services de police, et utilise souvent d’autres méthodes pour alerter le public, comme des avis de disparition sur les réseaux sociaux et des communiqués de presse envoyés aux médias.

Or, la police provinciale ne peut pas créer de nouveaux types d’alertes ou émettre des alertes qui ne répondent pas aux critères d’une alerte Amber, qui sont émises seulement lorsqu’une personne de moins de 18 ans a été enlevée.

N’empêche, Jenny Tozer pense qu’une alerte de type Amber aurait pu aider à retrouver son fils bien plus rapidement.

« Je vis dans une petite ville, et nous avons beaucoup de personnes âgées dans ma ville, et malheureusement, elles ne sont pas très présentes sur les réseaux sociaux, donc elles n’étaient même pas au courant », a-t-elle noté.

« Et au moment où nous avons trouvé Logan, j’avais encore des gens qui venaient juste d’apprendre qu’il avait disparu, même si on avait mis des affiches, parce qu’ils ne sortent pas vraiment de chez eux, mais ils ont des téléphones portables et je pense qu’une alerte les aurait informés », a-t-elle ajouté.

Événements tragiques

C’est pour éviter des récits comme celui de Jenny et Logan Tozer que la députée Monique Taylor a déposé son projet de loi 74, en mars 2023.

En décembre 2022, dans sa circonscription de Hamilton-Mountain, Shirley Love, une dame de 80 ans atteinte de démence n’étant pas habillée pour les conditions hivernales, a été retrouvée morte après avoir été portée disparue.

À l’été 2022, un enfant autiste de 10 ans, Draven Graham, s’est noyé alors qu’il était en visite à Lindsay, en Ontario.

Son corps a été retrouvé dans la rivière près de 24 heures après sa disparition.

Dans ce cas, la police avait alerté le public, mais n’avait pas émis d’alerte Amber, puisque ces alertes sont réservées aux cas d’enlèvement d’enfants.

Le projet de loi de Monique Taylor est né des événements tragiques qu’ont vécus Shirley Love et Draven Graham.

Les alertes proposées dans le projet de loi, telles qu’elles sont formulées actuellement, visent à prendre en compte les personnes atteintes de déficiences cognitives.

Elles pourraient être émises par la PPO, à la demande d’un service de police provincial ou local, de la même manière que les alertes Amber, qui sont limitées à une zone géographique pertinente pour la recherche de la personne disparue.

Plus de 100 000 personnes ont signé une pétition en ligne appelant à la création d’une « alerte Draven ».

La Société Alzheimer de l’Ontario et la Coalition ontarienne de l’autisme soutiennent également le projet de loi de Monique Taylor.

Demande renouvelée

La récente expérience de la famille Tozer a poussé la députée Taylor à renouveler sa demande pour faire adopter son initiative à l’Assemblée législative de l’Ontario, cette semaine.

Quand Monique Taylor a déposé son projet de loi, en 2023, le gouvernement progressiste-conservateur a rapidement envoyé le document à l’étape du comité, plutôt que de permettre les débats à ce sujet en Chambre.

Paul Calandra, alors leader parlementaire, avait jugé que le projet de loi comportait des lacunes et disait vouloir le renvoyer en comité pour y apporter des améliorations.

« Nous avons pris la mesure inhabituelle et agressive, compte tenu du large soutien dont le projet de loi bénéficie, de l’envoyer directement au comité pour y apporter les modifications que la députée elle-même reconnaît devoir être apportées et qui peuvent être appuyées », avait-il insisté.

Son intention était de ramener le document législatif à la Chambre pour qu’il soit débattu et adopté, disait-il.

Or, depuis qu’il a fait l’objet d’une audience du comité permanent de la justice en mai 2024, on n’en a plus entendu parler.

« Depuis un an et demi, j’essaie de faire avancer les choses », a lancé Monique Taylor en conférence de presse, mercredi.

« Il faut que le gouvernement sache que nous ferons tout ce qu’il faut pour garantir l’adoption du projet de loi. On peut partager le projet de loi avec un autre membre du gouvernement, ou ils peuvent prendre le crédit s’ils le souhaitent. Peu importe, tant qu’il est adopté », a-t-elle insisté.

Questionné à ce sujet en période de questions cette semaine, le nouveau leader parlementaire, Steve Clark, a conseillé à la néo-démocrate de favoriser une approche collaboratrice avec le ministre concerné, et « de ne pas faire de politique sur les comités permanents ».

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