Mois de l’histoire des Noirs : Cornwall, une communauté unique

ON A LE CHOIX - Les célébrations ont battu leur plein tout au long du mois de février. La communauté de Cornwall s’est rassemblée et elle a échangé sur les thèmes de la diversité et de la fierté noire. Elle a aussi évoqué son caractère à la fois multiple et singulier.
Femme africaines de dos- Mois de l'Histoire des Noirs
Delphine Petitjean - Rédactrice en chef

On a le choix

Delphine Petitjean
IJL-Réseau.Presse-On a le choix

Rédactrice en chef et journaliste

Delphine est diplômée en études de la communication et des médias ainsi qu'en rédaction web et enseignement. Elle a débuté en presse écrite en Belgique, puis s'est dirigée vers le domaine de l'insertion professionnelle et de la formation. Au Canada, elle a été chargée de projet, a eu quelques collaborations en rédaction, avant de se former à la réalisation documentaire et de co-fonder On a le choix Média.

Raphaël on a le choix

On a le choix

Raphaël Machiels
Directeur Technique et Caméraman - Monteur

Raphaël est diplômé en Techniques Cinématographiques et en Développement Web. En Belgique, il a travaillé pour la télévision nationale, ainsi que pour les télévisions locales en tant que caméraman - monteur. Il a aussi oeuvré sur des captations de concerts et d'évènements sportifs. Au Canada, il a travaillé dans le Web avant de co-fonder On a le choix Média.

La connaissance de l’autre

Portées par des organismes multiculturels locaux, les activités ont été nombreuses et variées.

Le 15 février, Philippe Dieudonné, co-fondateur de l’association Actions Bwabôchèt, a invité un groupe d’étudiants issus de la diversité à s’exprimer. L’évènement a eu lieu à la bibliothèque publique, dans le cadre du programme Jeunes Bâtisseurs du Mieux Vivre Ensemble. Les adolescents ont pu raconter leur vécu en tant qu’immigrants au Canada.

Ils ont parlé de l’affirmation de leur identité, de leur difficulté initiale à s’installer dans une communauté culturelle qui n’était pas la leur et de l’accueil de leurs pairs noirs, qui a facilité la transition.

Il y a souvent un problème, c’est le manque de connaissance. Si les deux camps savaient ce qui se passe, s’ils avaient plus de connaissance de l’autre, je pense qu’il n’y aurait jamais de problème.

« Ça va de mieux en mieux »

Andrew Booth-Reddick, officier à la police de Cornwall, était présent lors de l’évènement.

« L’avantage avec ma couleur, c’est que s’il y a un appel avec du racisme, la personne aime voir que je suis noir et que je parle français et ça m’aide dans mon job. Je vois beaucoup l’impact du Mois de l’histoire des Noirs dans ma fonction, ça aide à transmettre des connaissances et au dialogue. Ça améliore les relations. Ça va de mieux en mieux, j’espère qu’un jour, ce ne sera plus juste un mois, mais toute l’année qu’on est tous ensemble et tous égaux. », a-t-il précisé.

Éducation et inspiration

Le 22 février, c’était le tour des aînés d’être mis à l’honneur lors d’un spectacle de talents, organisé par Actions Bwabôchèt, en partenariat avec l’Association africaine caraïbéenne et internationale de l’Est de l’Ontario (ACIAEO).

Eric Duncan, au même titre que d’autres élus, avait répondu présent pour l’évènement qui s’est tenu à l’école secondaire publique L’Héritage.

« Je fais beaucoup de recherches et d’éducation pendant ce mois et chaque année, je vois une nouvelle personne qui fait un travail incroyable et qui peut inspirer tout le monde. Hier, dans une école, j’ai lu l’histoire de Elijah McCoy, un homme noir qui vivait aux États-Unis à l’époque où c’était très difficile pour le travail. Il était ingénieur. « The Real McCoy », c’est une expression en anglais, mais hier, pour la première fois, à l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs, j’ai lu son histoire. », a souligné le député conservateur.

Elijah McCoy est né en 1844. Incapable de trouver du travail dans l’ingénierie à cause du racisme, il a d’abord œuvré sur les lignes de chemin de fer, où il a remarqué que le manque de lubrification automatique des moteurs de trains était dangereux. Il a alors créé un gobelet de lubrification. L’expression « The Real McCoy » vient de l’époque de cette invention. Les acheteurs du gobelet voulaient s’assurer d’acquérir le produit original.

Transmission et évolution

Le maire de Cornwall et la sénatrice Bernadette Clément ont assisté au spectacle et partagé un peu de leur histoire.

Mon père est venu par bateau à la recherche d’une vie meilleure. Quand il est arrivé à Chicago, avant d’arriver à Cornwall, il a travaillé comme busboy dans un restaurant parce qu’il y avait des emplois spécifiquement pour les gens de couleur, c’était la ségrégation. On voit que nos sociétés et nos mentalités changent et je suis vraiment fier d’avoir eu l’opportunité d’être le maire d’une ville au Canada.

L’ancienne mairesse de Cornwall a elle aussi évoqué le parcours de son père, décédé récemment a presque 103 ans. « Il représente 100 ans et plus d’histoire noire au Canada. Je suis toujours inspirée par les défis qu’il a vécus, mais auxquels il a su faire face. Il m’a appris qu’il fallait toujours viser l’excellence au niveau du travail personnel et aussi aller chercher des alliés, des mentors pour nous appuyer. L’intersectionnalité : femme, noire, francophone, c’est compliqué et ce qu’il m’a appris, c’est que c’est une richesse. Ça me donne des atouts pour aller chercher des solutions et amener différentes perspectives. »

Des défis et de la fierté

« Au Sénat, je suis membre d’un comité de sénateurs noirs. C’est la première fois que je rejoins un groupe de travail qui me ressemble. Je me sens un peu moins seule que dans d’autres milieux, mais il y a encore du travail à faire. Souvent, les gens vont dire : « Tu es sénatrice, donc tu n’as plus de problème, tu as fait face à tous les défis. », mais ce n’est pas vrai. Je rencontre encore du harcèlement en ligne et de la négativité. », a souligné Bernadette Clément.

« Quand j’étais à l’Université d’Ottawa, j’avais gagné une bourse et un collègue m’a dit : « Tu as sûrement gagné cette bourse parce que tu amènes de la diversité au programme. » Le problème, c’est que j’ai cru ce collègue. Depuis ce temps-là, j’ai compris qu’il faut que je sois fière et que je ne doute pas de ma capacité et de mon mérite. J’ai commencé à comprendre les micro-agressions et comment y faire face. »

Cornwall, « unique au Canada »

« On a beaucoup d’histoires ici, juste à Cornwall. La sénatrice Bernadette est un exemple parfait. Elle est au Sénat, maintenant. La première mairesse noire de l’Ontario. », s’est réjoui Eric Duncan.

Le député a aussi évoqué Bob Turner. Ce joueur professionnel de baseball et de basketball est devenu le premier directeur des services de loisirs de la Ville de Cornwall en 1957 et la première personne noire embauchée comme directeur des loisirs au Canada.

« Le Mois de l’histoire des Noirs, pour moi, c’est un reflet de la communauté de Cornwall aujourd’hui. Dans les années précédentes, il n’y avait pas beaucoup de diversité, mais ça change et c’est bénéfique. La diversité nous rend forts. », a insisté Justin Towndale.

« C’est vrai que c’est spécial et unique au Canada », a commenté Neil Macmillan, journaliste et écrivain local, présent le jour de l’évènement. Membre de l’ACIAEO, l’homme a beaucoup voyagé au cours de sa vie et dit avoir remarqué un changement bénéfique depuis quelques années, notamment grâce à la présence de la communauté africaine et caraïbéenne à Cornwall.

Une communauté qui se développe

« On fait des activités avec les plus jeunes pour voir comment renforcer leur estime de soi et aussi, le programme « Aînés non isolés et épanouis ». Le lien intergénérationnel, c’est que nos enfants et nos ainés se rejoignent. Parfois, vous verrez des jeunes qui chantent avec les ainés. Il y a tout un dialogue qui se crée. Ils n’ont pas la même vision du racisme. Les jeunes vivent dans un autre environnement, ils sont beaucoup plus ensemble, quelle que soit la race, tandis que dans le temps, c’était la ségrégation. Mais avec le dialogue, le mieux vivre ensemble commence à s’installer. C’est une communauté qui se développe, une communauté vivante. », a expliqué Philippe Dieudonné.

Le co-fondateur de Actions Bwabôchèt est aussi responsable du Programme d’aide à la réinstallation des réfugiés (PAR) du Centre d’établissement de soutien et d’orientation communautaire (Césoc) de Cornwall.

Il y a actuellement plus de 300 familles qui s’installent et les programmes de Bwabôchèt, des jeunes et des ainés, ce sont des ajouts pour que ces gens, une fois arrivés, puissent continuer à s’épanouir, prendre leur place et aller vers un développement socio-économique.

Facebook
X
LinkedIn
Email

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut
Logo On A le Choix

Voir les choses en grand !

Abonnez-vous à notre infolettre pour recevoir nos dernières publications