Fancy Dance et les robes rouges contre l’oubli 

ON A LE CHOIX - Le 5 mai dernier, Journée nationale de sensibilisation aux femmes, aux filles et aux personnes 2LGBTQI+ autochtones disparues et assassinées, des associations locales ont organisé la projection du film Fancy Dance et un débat au Port Theatre de Cornwall.
Angela Arcuri, Nova Cook, Farhana Meghji

Publicité

Delphine Petitjean - Rédactrice en chef

On a le choix

Delphine Petitjean
IJL-Réseau.Presse-On a le choix

Rédactrice en chef et journaliste

Delphine est diplômée en études de la communication et des médias ainsi qu'en rédaction web et enseignement. Elle a débuté en presse écrite en Belgique, puis s'est dirigée vers le domaine de l'insertion professionnelle et de la formation. Au Canada, elle a été chargée de projet, a eu quelques collaborations en rédaction, avant de se former à la réalisation documentaire et de co-fonder On a le choix Média.

Pourquoi une Journée de la robe rouge ?

Selon Statistique Canada, entre 2009 et 2021, le taux d’homicides contre les femmes et les filles des Premières Nations, métisses et Inuites était six fois plus élevé que celui enregistré chez leurs homologues non autochtones.

Le gouvernement a lancé une enquête nationale indépendante sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Le rapport final révèle qu’en raison de la colonisation et des inégalités sociales qui en ont découlé, les autochtones se retrouvent davantage aux prises avec des milieux qui favorisent la violence (pauvreté, problème de dépendance, etc.).

La commémoration du 5 mai est aussi appelée Journée de la robe rouge et fait référence à un projet de l’artiste métisse Jaime Black. En 2014, elle a accroché des robes rouges dans différents lieux publics au Canada et aux États-Unis pour symboliser l’absence de toutes les femmes autochtones qui ont été assassinées ou portées disparues.

Fancy Dance
FANCY DANCE diffusé au Port Theatre à Cornwall
Raphaël Machiels - On a le choix

Synopsis du film diffusé au Port Theatre

L’histoire se passe dans la réserve de la nation Seneca-Cayuca. La sœur de Jax a disparu. Depuis, elle s’occupe de sa nièce Roki. Elle consacre beaucoup de temps à la recherche de sa sœur, tout en aidant Roki à se préparer pour un pow-wow. Alors que la protection de l’enfance veut confier la garde de Roki à son grand-père blanc, Jax prendra la route avec la petite pour tenter de retrouver sa mère avant l’évènement.

Après la projection, les organisatrices, Farhana Meghji, coordinatrice EDI à la police de Cornwall et Nova Cook, de la Société d’aide à l’enfance des comtés de Stormont Dundas et Glengarry, ont échangé avec le public durant une séance de questions-réponses.

Des membres de la communauté d’Akwesasne étaient présents. Il a été évoqué, entre autres, l’importance de faire de la réalité autochtone une priorité fédérale et d’accorder le soutien nécessaire à la police communautaire mohawk pour lutter contre la criminalité inhérente à la réserve. « Ils doivent être plus impliqués, c’est la police communautaire, mais ils sont surtout des nôtres et ils savent mieux comment nous aider. », a précisé une participante. En référence au film visionné, le fait de criminaliser les victimes au lieu de répondre à leurs besoins a aussi été souligné, ainsi que la nécessité de voir plus de représentation autochtone à tous les paliers de gouvernement.

L’initiative

« La communauté a été très généreuse de nous aider à mettre cet évènement sur pied puisqu’il y avait un coût aussi pour nous permettre de l’ouvrir à quiconque voulait venir.  C’est à propos de la sensibilisation, la reconnaissance, la compréhension, l’histoire et la conversation que nous devons avoir pour avancer. », a expliqué Farhana Meghji.

« On s’est rendu compte que c’est tout le monde qui avait besoin de ça, alors nos invitations ont grandi d’une année après l’autre. Le mois de juin aussi, on célèbre les familles pour recréer la confiance. On peut dire que nous, on pense qu’on fait des changements, mais est-ce que les familles le pensent aussi ? Alors, le 20 juin chaque année, on organise un gros évènement […] Toutes les familles autochtones sont invitées. […] Le 30 septembre, c’est la même chose, comme communauté, on fait la Journée du chandail orange au parc Lamoureux et ça, c’est devenu un très grand évènement. On fait le travail ensemble, avec les familles et nos partenaires à Akwesasne, auxquels les familles font confiance. […] On espère d’une année à l’autre que l’impact sur les familles va être différent. », a souligné Angela Arcuri, directrice des services pour la Société d’aide à l’enfance.

À lire aussi : Cornwall, communauté francophone accueillante, mais où sont les logements ?

Plan d’action stratégique provincial

Nova Cook a été chargée d’implémenter le plan d’action stratégique provincial pour la réconciliation. « En 2017, l’Association des sociétés d’aide à l’enfance de l’Ontario a présenté ses excuses aux autochtones de la province pour la rafle des années 60 et pour le mal causé. », a-t-elle précisé.

L’organisme provincial a alors pris différents engagements et le personnel travaille sur l’identité, la culture et l’accès à l’histoire pour la clientèle autochtone desservie.

Nova Cook - Superviseure Société d'aide à l'enfance SDG
Nova Cook - Superviseure Société d'aide à l'enfance SDG
Raphaël Machiels - On a le choix

Une grande partie de ce que je fais est de l’éducation [...]
Je reviens toujours aux terres volées, à la colonisation et aux pensionnats.

La travailleuse sociale mentionne que lors de l’évènement organisé pour les familles au mois de juin, les jeunes expérimentent parfois la culture, la langue et la nourriture traditionnelles pour la première fois. « On sert des familles dont les enfants ont été déconnectés de leur culture pour des générations, certains à cause de la protection de l’enfance, donc voir ce mal réparé est une belle chose. […] Depuis 3 ans, nous avons aussi un groupe de 16 jeunes qui se rassemblent chaque semaine. Je les vois vraiment se développer dans les relations, les expériences culturelles (confection de paniers, etc.)  […] Les autochtones représentent 5 ou 6 pourcents de la population, ils sont toujours une minorité, sauf dans une communauté. Donc, c’est une organisation urbaine qui sert des familles marginalisées. […] Elles ont l’occasion d’apprendre sur leur identité d’une façon très organique. Le problème, c’est que nous ne recevons aucun fond provincial pour soutenir ce service, il y a une déconnexion, car nous avons un grand besoin. », a-t-elle conclu.

Facebook
X
LinkedIn
Email

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut
Logo On A le Choix

Voir les choses en grand !

Abonnez-vous gratuitement à notre infolettre pour recevoir nos dernières publications

Logo On A le Choix

Voir les choses en grand !

Abonnez-vous gratuitement à notre infolettre pour recevoir nos dernières publications