
On a le choix
Delphine Petitjean
Rédactrice en chef et journaliste
Delphine est diplômée en études de la communication et des médias ainsi qu'en rédaction web et enseignement. Elle a débuté en presse écrite en Belgique, puis s'est dirigée vers le domaine de l'insertion professionnelle et de la formation. Au Canada, elle a été chargée de projet, a eu quelques collaborations en rédaction, avant de se former à la réalisation documentaire et de co-fonder On a le choix Média.
Projet rassembleur et identité franco
Le centre Charles-Émile-Claude (CCÉC) de Cornwall entend devenir le carrefour de la francophonie locale. C’est dans cet esprit que se développent des initiatives qui rassemblent les générations. L’événement comprenait des lectures pour adultes et adolescents avec des périodes de questions et réponses, un coin lecture pour enfants.
Parmi les auteurs invités, Roger Levac, lauréat du prix littéraire Trillium et du prix Le Droit pour Petite crapaude, le récit des aventures d’une bande d’adolescents. Il a publié quatre romans et un essai. À propos de son inspiration, l’auteur a évoqué cette phrase : « Un romancier est toujours mal à l’aise avec le monde qui l’entoure ».

C’est comme ça que j’écris, je trouve un problème et j’écris dessus.
Roger Levac
Il a ensuite fait référence à son ouvrage Corridor. « Un livre sur ce qu’on me disait à l’école : « Retourne au Québec. », alors que j’étais Franco-ontarien. C’est un livre qui a fait du chemin. »
Interpellée par l’approche de cet auteur, notre rédaction a souhaité poursuivre la discussion sur le processus d’écriture.
Écrire un live en quelques questions
« C’est toujours des choses que je vis viscéralement parce qu’après, ça prend 5 ans d’écrire un livre, alors il faut que ça dure, cette passion-là. », explique Roger.
Pensez-vous être hypersensible et est-ce que ça vous aide dans votre travail ?
« Il y en a qui disent que je ne suis pas sensible du tout. Bonne question… Personnellement, je trouve que oui. Je suis très sensible, je suis touché par les autres, par des souffrances. La plupart de mes livres, comme par exemple le dernier, je sens que c’est moi qui parle, moi qui souffre. Je me mets dans la peau des autres et il me semble qu’il faut que je touche une fibre en moi et j’espère que ça touchera une fibre chez les lecteurs. »
Comment structurez-vous votre travail ?
« Je suis très méthodique. Au lever, il faut que je passe une heure, parfois deux puis après, j’essaie d’oublier. C’est presque impossible, ça revient tout le temps, mais je fais des efforts pour oublier. Je lis des revues, des livres et j’essaie d’avoir une vie normale à côté de ce qui est moins normal, c’est-à-dire l’écriture, parce que l’écriture c’est la fiction, l’imagination, ce n’est pas ancré dans le réel, ce n’est pas la vie de tous les jours. »
Qu’est ce qui est le plus difficile dans l’écriture ?
« Les choix. On est toujours dans le dilemme de savoir ce qui est le bon choix parce que tel choix va dépendre de ce qui va arriver, de ce que tu vas faire dans un an. Et puis parfois, on se trompe. Il faut raturer, retourner en arrière. C’est un travail sur soi, ce n’est pas facile ça. »
Le plus gratifiant ?
« Une belle page. Quand je lis un passage et que je me dis : ça ne se peut pas que j’aie écrit ça. C’est beau ! Je suis aussi artiste peintre, donc la beauté sur toile, la beauté du monde, c’est ce que j’espère recréer en écrivant. J’espère que j’écris de façon visuelle et que d’autres peuvent voir ce que moi je vois. »
Comment construisez-vous vos personnages ?
« Je vole beaucoup, ce que je vois dans la vie. Tous les écrivains disent ça, on prend notre miel là où il se trouve. Aller de fleur à fleur puis le transformer. Puis c’est assez incroyable que les lecteurs ne sachent pas, ils pensent que c’est le même modèle, mais souvent, il y en a dix. »
Est-ce que vous pensez à des personnes de la vie réelle ?
« Oui, même au début, j’avais une peur bleue que quelqu’un se reconnaisse. Alors, je fais des efforts pour brouiller les pistes, mais les personnages sont composites, je pense. »