On a le choix
Delphine Petitjean
Rédactrice en chef et journaliste
Delphine est diplômée en études de la communication et des médias ainsi qu'en rédaction web et enseignement. Elle a débuté en presse écrite en Belgique, puis s'est dirigée vers le domaine de l'insertion professionnelle et de la formation. Au Canada, elle a été chargée de projet, a eu quelques collaborations en rédaction, avant de se former à la réalisation documentaire et de co-fonder On a le choix Média.
Une voix nasillarde et des textes qu’on aime sans les comprendre, ça pourrait être un descriptif pour Alain Bashung. Mais, on ne rendrait alors pas suffisamment justice au génie de la métaphore. Le titre Ma petite entreprise est sorti sur l’album Chatterton de 1994. D’abord, l’introduction que j’adore.
Ensuite, les paroles :
« Ma petite entreprise, connait pas la crise…
J’ordonne une expertise, mais la vérité m’épuise »
Derrière un vocabulaire emprunté à l’économie (import, export, embauche, expertise…), le texte reflète l’euphorie des années 90, à l’aube de la mondialisation et de la bulle Internet.
Actuellement, dans une conjoncture moins réjouissante, j’ai appris que certains propriétaires d’entreprise nominés au prix d’excellence de la chambre de commerce de Cornwall avaient un emploi à côté pour boucler leur fin de mois. Parfois, ce n’est pas simple de devoir se rendre à cette évidence.
De notre côté, nous sommes aussi parfois épuisés par la vérité de l’entrepreunariat. L’autre jour et à la suite de gros rebondissements dans notre développement, j’ai pensé à cette publication vue sur LinkedIn :
« Conseil de productivité :
- Parler du truc ne fait pas avancer le truc
- Réfléchir au truc ne fait pas avancer le truc
- Faire une to-do list du truc ne fait pas avancer le truc
- Se dire qu’on va faire le truc ne fait pas avancer le truc
- Annoncer au monde qu’on fait le truc ne fait pas avancer le truc
Je vous dis ça car je procrastine depuis 2 mois sur un truc qui je sais va me rapporter un paquet d’argent. Je m’y suis collé 3h d’affilée aujourd’hui et j’ai quasiment fait 70 % du truc. Le seul truc qui fait avancer le truc c’est de s’asseoir et de faire le truc. »
Thibault Louis, un entrepreneur
Le post a suscité beaucoup de réactions et évidemment, c’est peut-être un peu excessif. J’ai beaucoup ri quand même parce que je peux être du genre : « J’agis, je pitche ça là et puis je trie ! ». Est-ce que je cours à ma perte ou est-ce que je suis en route pour la gloire ? You Never Know, comme dirait mon voisin préféré.
Mais c’est ça aussi l’esprit entrepreneur et surtout, créatif. Il n’existe pas qu’une seule école, je suppose.
La partie secrète
Dans la chanson de Bashung, il y a le sens officiel, et l’officieux. Comme l’arrière-scène d’une vie entrepreneuriale.
« Et mes doigts de palper, palper là cet épiderme qui fait que je me dresse.
Qui fait que je bosse, le lundi, le mardi, le mercredi, le jeudi, le vendredi.
De l’aube à l’aube, une partie de la matinée et les vacances, abstinence !
Ma petite entreprise, ma locomotive. »
On y perçoit une valorisation du travail, de la réussite, et du désir assumé de faire de l’argent.
Puis, le double sens s’impose. La tâche quotidienne renvoie en réalité à une activité sexuelle, évoquée de façon explicite (« palper cet épiderme », « je me dresse ») : le sexe y est décrit comme un effort routinier, presque industriel.
Bonne écoute !
1 réflexion sur “Elle ne connait pas la crise (et ne veut rien savoir)”
Congratulations again on your award! You worked hard for it for several years and deserve the recognition!