
On a le choix
Delphine Petitjean
Rédactrice en chef et journaliste
Delphine est diplômée en études de la communication et des médias ainsi qu'en rédaction web et enseignement. Elle a débuté en presse écrite en Belgique, puis s'est dirigée vers le domaine de l'insertion professionnelle et de la formation. Au Canada, elle a été chargée de projet, a eu quelques collaborations en rédaction, avant de se former à la réalisation documentaire et de co-fonder On a le choix Média.
La lettre du maire
En cette ère de « guerre tarifaire » avec les États-Unis, la Ville de Cornwall a publié une vidéo pour favoriser l’unité canadienne et le soutien au local. Seul hic : le caractère impersonnel du message qui a été soulevé par beaucoup. Voilà pourquoi « On a le choix » croit en la force du réel et donc, du documentaire. Si vous voulez en savoir plus, c’est par ici.
Ce qui a aussi provoqué un tollé général, c’est la non-représentation féminine dans cette vidéo. Parmi les intervenants, on retrouvait juste des hommes blancs.
Le maire de Cornwall s’en est excusé à travers une lettre ouverte, insistant sur son engagement envers la diversité. C’est tout à son honneur, mais il me semble que les politiques d’EDI sont encore trop ignorées dans les faits. Par exemple, un homme blanc et immigrant est ce que j’ai coutume d’appeler « une minorité invisible ».
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Vous avez dit français ?
Dans une francophonie qui évolue, on en oublierait qu’une forme de discrimination reste l’accent. On parle alors de glottophobie. C’est un motif de rejet plus insidieux, mais tout aussi important, comme en témoigne un excellent article du journal Le Devoir. Il y est révélé qu’un expert ayant une tonalité venue d’ailleurs est jugé moins crédible.
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Deux accents en musique
Il arrive aussi que l’accent ne soit pas une barrière et c’est là que la musique, comme souvent, nous aide à prendre de la hauteur. Un bel exemple est le duo franco-canadien entre Safia Nolin et Pomme.
Pomme, de son vrai nom Claire Pommet, est une auteure-compositrice-interprète française qui vient régulièrement à Montréal. Sa voix rappelle celle de Piaf et elle s’accompagne d’une autoharpe. Safia Nolin, originaire du quartier Limoilou à Québec, a connu autant de succès que de déboires. Elle a milité à sa manière contre la grossophobie.
La peur de l’oubli
Pomme a écrit le titre « La lumière ». C’est une chanson sur la maladie d’Alzheimer, mais plus que ça, il me semble qu’il s’agit de parler de ce qui compte vraiment. À savoir, au bout du chemin, le lien unique entre parents et enfants, ainsi que tous les souvenirs des moments qui sont passés trop vite.
En tant qu’immigrants, il faut quand même se lever deux fois plus tôt pour « réussir sa vie ». On se demande dans certains cas si tout cela a un sens, lorsqu’on pense que nos proches vieillissants n’auront peut-être pas la chance de nous revoir avant « le grand voyage ». Quand on est loin, c’est un peu comme cette maladie : nous sommes toujours vivants, mais nous ne sommes pas présents.
C’est une décision que l’on prend, notamment pour offrir un avenir meilleur à ses enfants. Et c’est un choix la plupart du temps judicieux. Ce genre de chanson rappelle juste de ralentir, d’arrêter de prêter attention à tous les non-sens qui constituent des enjeux de société pour prendre soin de ce qui est proche de soi. Et c’est valable pour tout le monde, parce que la vie, la mort, c’est universel.
Bonne écoute !