
On a le choix
Delphine Petitjean
Rédactrice en chef et journaliste
Delphine est diplômée en études de la communication et des médias ainsi qu'en rédaction web et enseignement. Elle a débuté en presse écrite en Belgique, puis s'est dirigée vers le domaine de l'insertion professionnelle et de la formation. Au Canada, elle a été chargée de projet, a eu quelques collaborations en rédaction, avant de se former à la réalisation documentaire et de co-fonder On a le choix Média.
Soutien à l’aventure entrepreneuriale
L’organisme Immigrant Entrepreneur Canada (IEC), offre des programmes d’incubation, d’accélération et de transfert d’entreprises adaptés aux besoins spécifiques des entrepreneurs issus de l’immigration. Pour ce faire, IEC collabore avec les agences régionales de développement économique, les associations communautaires, ainsi que le secteur privé et public et entend favoriser la croissance au Canada.
La fondatrice, Karla Briones, est une immigrante d’origine mexicaine, et entrepreneure depuis plus de 16 ans.
Parcours à l’honneur
Lors de la soirée, Béatrice Noël, co-propriétaire de Cornwall Connector, une société de transport qui relie Cornwall à Ottawa, s’est exprimée. La jeune femme est originaire d’Haïti et a pris la décision de chercher une vie meilleure à l’étranger après le séisme qui a ravagé son pays en 2010. Elle est partie étudier aux États-Unis et a voyagé dans différents endroits avant d’arriver au Canada, en pleine pandémie. En affaire depuis un an, elle a partagé ses succès et ses doutes avec le public composé d’entrepreneures établies ou en devenir.

Elle a donné quatre recommandations clés issues de son expérience : connaitre son produit, construire son équipe en cherchant la complémentarité des profils, être ouvert et s’autogérer. Pour ce dernier point, il était question de santé mentale.
Lorsque quelqu’un dans l’assistance lui a demandé comment elle trouvait l’équilibre entre sa vie personnelle et professionnelle, elle a suggéré de s’accorder une pause quotidienne, même courte, pour avoir du temps à soi. « Même si vous devez le mettre dans votre calendrier, parce que je suis certaine que vous avez un calendrier pour votre entreprise, forcez-vous, prévoyez-le ! »
Se lancer lorsqu’on vient d’ailleurs
En 2019, l’étude Y arriver seuls menée par l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM), avec le soutien de la Banque de développement du Canada (BDC), mettait en lumière les défis de l’entrepreneuriat pour les nouveaux arrivants.
Bien que les immigrants soient proportionnellement plus nombreux à diriger de petites entreprises, plusieurs rapports soulignent qu’ils rencontrent des difficultés similaires à celles des femmes entrepreneures. Parmi ces défis figurent le manque de support, l’accès limité au financement, ainsi que des occasions restreintes de réseautage et de mentorat. Ces études indiquent aussi que les nouveaux arrivants peinent à trouver des services adaptés à leur réalité, tant sur le plan linguistique que culturel, ou encore, des ressources tenant compte de leur statut d’immigrant.
Des programmes gouvernementaux spécifiques ont été mis sur pied pour aider ces populations, il n’en demeure pas moins que la santé mentale des entrepreneurs en général est fragile.
Une réalité persistante dans un monde incertain
Toujours selon l’étude de 2019, les chefs d’entreprise avaient tendance à privilégier des méthodes d’adaptation propres pour gérer leur stress et préserver leur bien-être. 45 % déclaraient faire des pauses et prendre soin d’eux-mêmes. Environ 40 % affirmaient discuter de leurs difficultés avec une personne de confiance, mais seulement 16 % disaient être enclins à consulter un professionnel pour obtenir l’aide.
L’ACMS recommandait donc de créer des outils pour amener les entrepreneurs à mieux concilier travail et famille, d’intégrer la santé mentale dans la formation en entrepreneuriat, d’améliorer les recherches sur la santé mentale des entrepreneurs et de changer la perception des entrepreneurs pour leur permettre d’exprimer leur vulnérabilité.
Les données d’un sondage plus récent (2025) mené par BDC révèlent par ailleurs que 36 % des propriétaires d’entreprises signalent des problèmes de santé mentale qui compromettent leur capacité à travailler à raison de minimum une fois par semaine. Cela représente en fait jusqu’à 60 % chez les propriétaires de moins de 40 ans et 19 % pour les 50 ans et plus. Parmi les facteurs de stress, on retrouve le maintien du flux de trésorerie ou de rentabilité, l’incertitude économique, les crises et évènements mondiaux.
D’où l’importance de créer des espaces de connexions entre professionnels pour briser la solitude.