
On a le choix
Delphine Petitjean
IJL-Réseau.Presse-On a le choix
Rédactrice en chef et journaliste
Delphine est diplômée en études de la communication et des médias ainsi qu'en rédaction web et enseignement. Elle a débuté en presse écrite en Belgique, puis s'est dirigée vers le domaine de l'insertion professionnelle et de la formation. Au Canada, elle a été chargée de projet, a eu quelques collaborations en rédaction, avant de se former à la réalisation documentaire et de co-fonder On a le choix Média.

On a le choix
Raphaël Machiels
Directeur Technique et Caméraman - Monteur
Raphaël est diplômé en Techniques Cinématographiques et en Développement Web. En Belgique, il a travaillé pour la télévision nationale, ainsi que pour les télévisions locales en tant que caméraman - monteur. Il a aussi oeuvré sur des captations de concerts et d'évènements sportifs. Au Canada, il a travaillé dans le Web avant de co-fonder On a le choix Média.
Un rapport sénatorial sur les conditions de vote en prison
Le 12 juin dernier, la sénatrice Bernadette Clement a présenté ses recommandations pour l’amélioration des conditions de vote en milieu carcéral.
« On a décidé d’envoyer un sondage à plusieurs institutions à travers le pays et on a aussi décidé de faire une tournée, de visiter neuf différentes institutions. Sans accès à Internet, toute information, toute éducation doit se faire par le biais de livres, de pamphlets, de journaux. […] Les gens nous disaient : « On s’intéresse à ce droit de vote parce qu’on veut continuer à avoir un lien avec la vie à l’extérieur ». […] Nos recommandations vont vraiment se centrer sur comment augmenter l’accès à l’information. […] Pour que les détenus puissent voter, non pas seulement sur des annonces qu’ils voient à la télévision, mais par des informations directement données par les partis politiques. », explique-t-elle.

« C’est un peu controversé de dire pourquoi ces gens-là ont le droit de vote ? Pourquoi ils ne perdent pas ce droit de vote à cause des crimes qui ont été commis ? Mais le concept de prison, c’est de mettre les gens là parce qu’ils sont punis, mais le but c’est qu’ils sortent, vont purger leur peine et ensuite envisager une vie plus saine. »
Honte et manque de clarté pour les familles de détenus
Christine (nom d’emprunt) est la mère d’un ancien détenu. Elle représente l’association Mothers Offering Mutual Support (MOMS). Elle veut d’abord sensibiliser le public au fait que n’importe quelle famille peut avoir un proche incarcéré.
« Une des choses que nos membres nous ont dite, c’est qu’ils n’ont aucune idée de comment naviguer dans le système. Le système de justice n’est pas transparent du tout. Il y a beaucoup de honte associée au fait d’avoir un membre de sa famille incarcéré et les gens ont besoin de bénéficier d’un lieu sûr pour en parler. »

Contexte carcéral qui affecte les perspectives
« Les détenus m’ont dit qu’ils se sentent comme s’ils sont entreposés. Ils n’ont pas suffisamment accès à des programmes pour planifier, aller chercher un bagage pour trouver un travail, apprendre certaines choses et se reprendre en main. », explique la sénatrice Clement.
De son côté, Christine insiste sur les conditions de détention qui ont un impact majeur sur la santé générale. « Premièrement, quand les gens sont incarcérés, ils sont préoccupés par leur sécurité parce qu’il y a souvent de la violence, de l’extorsion qui se produit. Si vous avez des problèmes de santé, c’est très difficile de trouver une aide constante et c’est souvent très complexe pour un médecin de famille ou un spécialiste de rentrer en contact avec le système de santé. », explique-t-elle.
Ils sont trois dans une cellule et on parle d’une très petite cellule. S’il y a un confinement, ils ne sortent plus pour une période prolongée. Ça vaut dire pas de douche, pas d’appel, pas de contact avec leur famille ou leur avocat. [...]. Ce niveau de stress affecte leur santé mentale et beaucoup de personnes sortent de prison avec des formes de troubles post-traumatiques. Ils ont des difficultés même avec les tâches quotidiennes.
Christine - Nom d'emprunt
À la sortie
S’il y a une certaine planification au niveau fédéral, quand le détenu est accompagné par un agent de libération conditionnelle, Christine déplore le manque de programmes de réinsertion et de services en santé mentale disponibles.
« Les personnes qui ont eu des problèmes de consommation, même si elles n’ont plus consommé quand elles étaient incarcérées, la tentation quand elles sortent est toujours là. Donc, beaucoup d’entre eux ont besoin d’aide quand ils sortent parce qu’une rechute pourrait les ramener en prison rapidement. Une autre chose est le marché du travail. […] Pour beaucoup d’offres d’emploi, les antécédents judiciaires doivent être fournis et aussitôt qu’ils sont fournis, beaucoup d’organisations ne considèrent plus la personne […] Pour les personnes qui n’ont pas de soutien familial, elles sont souvent relâchées sans support. Des organisations comme John Howard Society (JHS) aident beaucoup, elles peuvent aider pour le logement et bien sûr, c’est très difficile de trouver un logement. »
Un enjeu collectif
« Si nous avons des personnes qui sortent de prison avec des ressources pour obtenir un emploi, se construire une famille, une vie et contribuer à la société, ça rendra la société plus sûre. », explique Christine.
La sénatrice Clement indique qu’elle va continuer à s’entretenir avec les personnes incarcérées et le personnel des centres de détention.
Ça m’intéresse la condition des détenus, mais aussi pour les gens qui travaillent à l’intérieur des prisons parce que si les conditions sont difficiles, le contexte est malsain pour les travailleurs, ça n’aide pas non plus les détenus.
Bernadette Clement