Les prédateurs : savoir les démasquer pour protéger nos filles

ON A LE CHOIX - Le mardi 18 mars dernier, le refuge Maison Baldwin de Cornwall a organisé une séance d’information à la bibliothèque publique pour sensibiliser à la mécanique du leurre en ligne et autres techniques de recrutement des souteneurs. Une prise de conscience que la traite des personnes est une réalité dans la communauté et qu’il faut s’en prémunir.
Femme dans une boite

Publicité

Photo de Sep sur Unsplash
Delphine Petitjean - Rédactrice en chef

On a le choix

Delphine Petitjean
IJL-Réseau.Presse-On a le choix

Rédactrice en chef et journaliste

Delphine est diplômée en études de la communication et des médias ainsi qu'en rédaction web et enseignement. Elle a débuté en presse écrite en Belgique, puis s'est dirigée vers le domaine de l'insertion professionnelle et de la formation. Au Canada, elle a été chargée de projet, a eu quelques collaborations en rédaction, avant de se former à la réalisation documentaire et de co-fonder On a le choix Média.

Le couloir de la 401

Maison Baldwin recueille les femmes victimes de violences domestiques depuis 40 ans. Selon les données communiquées par l’organisme, l’autoroute 401, entre Montréal et Windsor, est un des corridors les plus connus de la traite d’êtres humains au Canada. La proximité du Québec, de la réserve d’Akwesasne et des États-Unis fait des villes comme Cornwall un carrefour critique.

Les femmes et les filles représentent 94 % des victimes, avec une prédominance chez les autochtones, dans la communauté 2SLGBTQI+, chez les jeunes défavorisés, ou encore, les nouveaux arrivants au Canada. L’âge moyen des personnes recrutées est seulement de 13 ans.

Profil des recruteurs

Danielle McCormick, éducatrice et coordinatrice des bénévoles pour Maison Baldwin, indique qu’il n’y a pas de profil type des rabatteurs. « À Cornwall, nous avons eu une fille de 19 ans dans les dernières années qui recrutait d’autres filles. Une des caractéristiques est aussi que les prédateurs ont souvent de bons emplois », précise-t-elle.

« Ce ne sont pas des chômeurs qui habitent dans le sous-sol de leurs parents, ils sont bien intégrés et ils ne veulent pas se faire remarquer. ». Dans bien des cas, les jeunes filles commencent une relation « amoureuse » avec leur souteneur et mettent du temps à réaliser qu’elles sont exploitées.

Méthode de recrutement

« Personne ne choisit d’être exploité », souligne Danielle McCormick, qui fait aussi cette présentation dans les écoles de la région.

Selon l’intervenante, les proxénètes vont avant tout jouer sur le désir d’affection et d’appartenance, les soucis financiers de certaines adolescentes issues de la classe moyenne qui, en raison de l’inflation, n’ont plus accès à des « extras » et à qui les abuseurs promettent des cadeaux.

La plupart des filles sont repérées en ligne. Les prédateurs recoupent leurs informations, sur base d’une photo, d’un nom d’utilisateur ou encore, l’affiliation affichée à un club sportif. Ces renseignements leur permettent de créer un lien de proximité avec la victime qui se sent ainsi suffisamment en confiance pour engager la conversation.

Le recrutement peut aussi se faire en personne, par des pairs, ou bien via des étrangers qui observent les écoles, les groupes de jeunes dans les centres commerciaux avant de les approcher. Il existe également de fausses annonces pour un emploi qui constituent une première prise de contact.

Danielle McCormick invite les parents à être vigilants quant à l’utilisation de certains réseaux sociaux en particulier, Discord étant le plus à risque.

C’est un clavardage avec des intérêts communs, ça crée une proximité.

Même constat avec le très populaire jeu Roblox.

Reconnaître les signes

Afin de détecter les cas d’exploitation sexuelle, l’organisme préconise de porter attention aux éléments suivants :

  • Absence de documents d’identité. Ceux-ci sont fréquemment retenus pour empêcher la victime d’avoir accès à des services, d’ouvrir un compte de banque ou de s’échapper.
  • Tatouage ou marque de brûlure significative qui visent à désigner le proxénète auquel la victime appartient.
  • Toxicomanie : les souteneurs fournissent de la drogue aux jeunes filles pour créer un lien de dépendance
  • Peur de parler : les femmes et les jeunes filles sont souvent accompagnées de quelqu’un qui répond aux questions à leur place. Si elles s’expriment, elles regardent cette personne avant de le faire afin d’obtenir une approbation.
  • Épuisement puisque les victimes travaillent de longues journées (entre 15h et 19h)
  • Malnutrition : la privation de nourriture les maintient sous contrôle
  • Bleus ou blessures apparentes puisqu’elles sont maltraitées physiquement par le proxénète
Facebook
X
LinkedIn
Email

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut
Logo On A le Choix

Voir les choses en grand !

Abonnez-vous gratuitement à notre infolettre pour recevoir nos dernières publications

Logo On A le Choix

Voir les choses en grand !

Abonnez-vous gratuitement à notre infolettre pour recevoir nos dernières publications