Photo : Le problème de la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur hospitalier de l’Ontario ne s’estompe pas. L’Hôpital Glengarry Memorial (HGM) à Alexandria a dû fermer son département d’urgence à plus d’une reprise au cours des deux dernières années. (archives)
Les médecins ontariens ne parlent plus d’une crise de santé publique, mais bien d’une catastrophe.
«Individuellement, chacun de ces problèmes est considéré comme une crise, et ensemble, nous savons qu’ils représentent une catastrophe», a lancé le président de l’OMA, le Dr Dominik Nowak, en s’adressant aux médias, mercredi.
Ces problèmes ont mené, notamment depuis le début de la pandémie de COVID-19, à un phénomène où les besoins de chaque patient sont de plus en plus complexes, selon le médecin urgentologue, le Dr Andrew Park.
«Lorsque l’on combine une pandémie historique, qui a forcé la communauté médicale à se concentrer sur les plus malades, avec les millions d’Ontariens qui n’ont pas de médecin de famille, ça crée des retards dans les soins», soutient-il.
Les personnes qui n’ont pas de médecin de famille s’en sortent moins bien. Elles sont plus malades, leurs maladies se déclarent plus tard et elles exercent une pression démesurée sur notre système déjà sous pression.
Dr Park
L’OMA a décrit les «mesures immédiates que le gouvernement doit prendre» dans le cadre d’une nouvelle initiative, présentée mercredi, visant à mettre fin à cette «catastrophe».
Médecins de famille
Tous les Ontariens ont besoin d’un médecin de famille, estime l’organisme qui représente 43 000 médecins, y compris des étudiants et des professionnels de la santé retraités.
Pour y arriver, la province doit investir pour veiller à ce que les différents professionnels de la santé comme les médecins, mais aussi les infirmières et les pharmaciens, travaillent en équipe pour soutenir chaque patient.
Elle doit aussi simplifier les tâches administratives, pour que les médecins de famille n’aient pas à passer des dizaines d’heures par semaine à remplir de la paperasse.
«Je dois me libérer des 19 heures par semaine de paperasse inutile que je fais en tant que commis à la saisie de données», a soutenu la professeure adjointe de médecine familiale et communautaire à l’Université de Toronto, la Dre Audrey Karlinsky.
La médecin de famille estime que ces 19 heures pourraient plutôt lui permettre de voir plus de patients et d’ajouter des noms à sa liste de patients.
C’est déchirant de recevoir chaque jour des appels téléphoniques de patients potentiels qui nous supplient de les ajouter à nos listes de patients, mais c’est impossible. Le système n’a tout simplement pas la capacité nécessaire.
Dre Karlinsky
Dans le nord
Et la situation est encore plus grave dans le nord de la province, dans les régions rurales et dans les communautés autochtones éloignées.
L’Association des médecins de l’Ontario demande au gouvernement de travailler avec ses membres pour «élaborer et mettre en œuvre, sans délai, une stratégie de main-d’œuvre médicale dans le Nord, y compris la création d’un centre de coordination pour le Nord de l’Ontario qui recueillerait des données sur la capacité du système, identifierait les problèmes émergents liés à la main-d’œuvre et soutiendrait le recrutement et la formation continue».
Fermetures des salles d’urgence
Entre juillet 2022 et juin 2023, les départements d’urgence en Ontario ont vu des fermetures temporaires à 203 reprises, dans 23 hôpitaux différents. L’OMA propose au gouvernement Ford de créer un système qui permettrait d’identifier les départements d’urgence qui ont besoin de soutien, et de mieux coordonner les ressources à l’extérieur des hôpitaux pour assurer que la sortie des patients puisse se dérouler efficacement, «avec accès aux ressources communautaires dont le patient a besoin».
Collaboration
Le gouvernement Ford et l’OMA ont conclu une entente, il y a un mois, pour améliorer l’accès aux soins primaires à travers la province.
La décision, rendue par arbitrage, concerne la première année d’une entente de quatre ans sur les services de médecins.
«Cette entente s’appuie sur les 17,5 milliards de dollars que la province dépense actuellement pour aiguiller les gens vers des médecins de famille, des fournisseurs de soins primaires et d’autres services dans toute la province, soit 50 % de plus que lorsque nous avons pris les rênes du gouvernement en 2018», a indiqué la ministre de la Santé, Sylvia Jones, lors de l’annonce.
Le gouvernement progressiste-conservateur dit vouloir collaborer avec l’OMA dans la mise en œuvre de cette entente, qui comprend plusieurs objectifs liés aux recommandations présentées mercredi.
Les soins de santé peuvent être un héritage, un moment déterminant pour ce gouvernement.
Dr Nowak, président de l’OMA
La province a deux choix, soutient le médecin. «D’un côté, ce peut être le gouvernement qui a vu le système de santé devenir une catastrophe», et de l’autre, «ce peut être le gouvernement qui trouve à chacun un médecin de famille, qui gère les fermetures de services d’urgence, qui gère les temps d’attente et qui fournit aux gens les soins dont ils ont besoin».