On a le choix
Delphine Petitjean
IJL-Réseau.Presse-On a le choix
Rédactrice en chef et journaliste
Delphine est diplômée en études de la communication et des médias ainsi qu'en rédaction web et enseignement. Elle a débuté en presse écrite en Belgique, puis s'est dirigée vers le domaine de l'insertion professionnelle et de la formation. Au Canada, elle a été chargée de projet, a eu quelques collaborations en rédaction, avant de se former à la réalisation documentaire et de co-fonder On a le choix Média.
On a le choix
Raphaël Machiels
Directeur Technique et Caméraman - Monteur
Raphaël est diplômé en Techniques Cinématographiques et en Développement Web. En Belgique, il a travaillé pour la télévision nationale, ainsi que pour les télévisions locales en tant que caméraman - monteur. Il a aussi oeuvré sur des captations de concerts et d'évènements sportifs. Au Canada, il a travaillé dans le Web avant de co-fonder On a le choix Média.
« Ramène ton lave-auto dans ton pays, l’immigrant »
« Une autre entreprise prise par les immigrants », ou encore : « Ramène ton lave-auto dans ton pays, l’immigrant. » Ce sont les commentaires que Bilal Chaudhary a décidé de partager sur Facebook.
« Ça brise le cœur qu’après tout ce que nous faisons pour la communauté, nous ayons encore des gens comme ça. En tant que personne qui a dû supporter le racisme toute sa vie, j’ai toujours fait de mon mieux pour l’ignorer et j’espère qu’un jour cela disparaîtra. Eh bien, on dirait que c’est de pis en pis… Je ne voulais vraiment pas poster ça, en faire une grosse affaire, MAIS j’ai supprimé et supprimé tellement de commentaires racistes de la part des gens que ça suffit. », a déclaré l’homme sur le réseau social.
Histoire familiale
Bilal se dit fier de la réussite de ses parents, arrivés il y a 30 ans au Canada. « Ils sont venus ici pour nous donner une vie meilleure. » Il évoque tout de même des souvenirs douloureux en rapport avec le racisme auquel sa famille a fait face, dont le premier qui l’a marqué.
« Quand j’étais jeune, au Walmart, je me souviens, ma mère, elle portait un foulard sur la tête. On est passés devant un individu et il a soufflé : « Regarde cette talibane ! » J’ai demandé à ma mère ce qu’il avait dit et elle m’a répondu : « Ne t’inquiète pas, ça va. » Nous avons fait notre épicerie, nous sommes sortis et quand ma mère a ramené le chariot, l’homme était toujours là. Je ne sais pas ce qu’il faisait dehors. J’étais assis dans la voiture et quand ma mère est revenue, j’ai vu qu’elle était bouleversée. Je lui ai demandé ce qui s’était passé et elle s’est mise à pleurer. J’avais 8 ans. Je me souviens que je n’étais pas capable d’intervenir, j’avais peur, j’étais jeune et je ne pouvais rien dire à cet homme. »
Bilal mentionne que ses parents ont toujours préféré ne pas réagir aux commentaires haineux pour ne pas envenimer la situation, rester positifs et que leurs enfants ne soient pas affectés.
« Je les applaudis vraiment d’être capables de faire face parce que je connais un membre de ma famille qui a quitté la ville et fermé son entreprise à cause du racisme. », explique-t-il.
Briser le cycle de la discrimination
En publiant les commentaires racistes reçus sur Facebook, le jeune homme a voulu changer d’approche. « J’ai pensé que si je ne postais pas, ça ne sortirait jamais au grand jour et que les gens n’y penseraient pas à deux fois avant d’écrire ce genre de messages. J’ai pensé à cette façon de montrer : « Voici ce que je vis ». Et je ne suis pas le seul parce que je connais beaucoup de personnes qui passent par là. J’ai publié juste pour voir quels genres de réactions nous aurions et c’était formidable. Tout de suite, certains nous ont écrit, nous ont dit : « Si vous avez des problèmes, dites-le-nous. » La police nous a contactés. », souligne-t-il.
L’entrepreneur explique que son équipe de travail est composée de citoyens canadiens et d’étudiants ou de travailleurs étrangers.
« On ne regarde pas la couleur, je dis ça parce que je veux que les gens sachent qu’on n’engage pas que des immigrants. Nous cherchons des employés compétents. Nous ne sommes pas là pour prendre les emplois de qui que ce soit ni pour rendre la vie plus difficile aux autres. Nous sommes là pour notre entreprise et notre communauté. », précise-t-il.
Campagne « Arrêtons la haine » et sensibilisation communautaire
Un officier de police s’est rapidement rendu au lave-auto pour assister Bilal.
« On a entamé il y a environ un an une campagne qui s’appelle « Arrêtons la haine ». Vous pouvez voir les enseignes sur les arrêts d’autobus quand vous voyagez à travers la ville. On veut que tout le monde rapporte les incidents de haine. Que vous soyez témoin ou victime, que tout le monde se sente confortable de les rapporter. On a juste ouvert des plateformes additionnelles pour pouvoir déposer une plainte qui soit anonyme, de votre résidence, en ligne, pas besoin de venir au service de police. », explique le chef adjoint de la police de Cornwall, Vincent Foy.
Il souligne également le travail de la police communautaire et l’emphase mise sur l’équité, la diversité et l’inclusion alors que la ville accueille de plus en plus de nouveaux arrivants.
Augmentation des signalements
« Depuis 2020, on a vu une augmentation de 300 % de plaintes de haine envers certaines personnes de la communauté. Par exemple, en 2023, on a reçu 36 plaintes et en 2024, 37 plaintes pour crimes de haine ou incidents de haine. En 2024, il y a 8 individus qui ont eu des charges criminelles pour des incidents de haine. Il y a eu 13 chefs d’accusation. », illustre Vincent Foy.
Le chef de police explique la distinction entre crime et incident haineux. Les crimes sont commis envers une personne ou une propriété et portent préjudice en fonction de la race, la nationalité, l’ethnicité, la couleur ou la religion de la personne. Il cite en exemple les graffitis, les voies de fait et la menace.
Les commentaires comme ceux que Bilal Chaudhary a reçus sont plutôt qualifiés d’incidents et Vincent Foy encourage également la population à les signaler.
Bilal n’a pas voulu déposer plainte.
Nous aurons toujours des gens qui ne nous supporteront pas à cause de la couleur de notre peau, mais à ces gens, je leur dis : « Faites ce que vous voulez, nous savons que la majorité de la communauté est heureuse de notre présence, nous apprécie et nous soutient. »
Bilal Chaudhary
4 réflexions sur “Racisme à Cornwall : un entrepreneur dénonce des commentaires haineux”
That was excellent reporting and he has every right to post this so the community is aware. We will be supporting his business.
Thank you Sue. If you are interested in this topic, you can also watch the video tomorrow, to see the interviews.
Good article. I’m glad the negative comments are being exposed here and in social media. For all the good intentions and surface level demonstrations of openness to people of different races, cultures and nationalities vocalized here in Québec, let this gentleman’s experience remind us that a significant racist, anti-immigrant community still flourishes.
Yes, there is a gap between the surface level that brings immigrants to Canada and real life. Exposing the comments is a way to show a part of this real life.