Vérité et Réconciliation : en parler pour avancer encore 

ON A LE CHOIX - Le lundi 21 juillet dernier, à Akwesasne, la Ville de Cornwall a organisé une consultation communautaire dans le cadre de son plan d’action pour la Vérité et la Réconciliation. Officiels et citoyens de la région avaient fait le déplacement.
Rencontre - réconciliation Cornwall et Akwesasne

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Delphine Petitjean - Rédactrice en chef

On a le choix

Delphine Petitjean
IJL-Réseau.Presse-On a le choix

Rédactrice en chef et journaliste

Delphine est diplômée en études de la communication et des médias ainsi qu'en rédaction web et enseignement. Elle a débuté en presse écrite en Belgique, puis s'est dirigée vers le domaine de l'insertion professionnelle et de la formation. Au Canada, elle a été chargée de projet, a eu quelques collaborations en rédaction, avant de se former à la réalisation documentaire et de co-fonder On a le choix Média.

D’abord Cornwall

La discussion était animée par Shelley Trevethan et Heather McLeod, du cabinet de conseil Ken Anderson et Associés. Toutes deux possèdent une expertise de travail dans la justice sociale en contexte autochtone au Canada.

« Nous avons fait beaucoup de recherches préalables et nous avons eu une séance d’engagement initiale en septembre dernier. », a expliqué Heather McLeod.

La firme a réalisé un sondage, ainsi que des rencontres avec l’administration municipale, le conseil et différentes associations de Cornwall.

« Nous sommes ici pour avoir votre apport à Akwesasne et nous voulons mettre ces informations ensemble. […] C’est vraiment de le construire et de le développer ensemble »

Shelley Trevethan - Rencontre réconciliation Cornwall et Akwesasne
Raphaël Machiels - On a le choix
Rencontre - réconciliation Cornwall et Akwesasne
Heather McLeod - Rencontre réconciliation Cornwall et Akwesasne
Raphaël Machiels - On a le choix

Appels à l’action

Le rapport final de la Commission sur la Vérité et la Réconciliation a vu le jour en 2015. Le document comprend 94 appels à l’action, dont 5 spécifiques pour les municipalités, à savoir :

  • offrir de la formation aux fonctionnaires sur l’histoire autochtone
  • mettre en œuvre des stratégies et des procédures pour l’identification, la documentation, l’entretien, la commémoration et la protection continue des cimetières des pensionnats et autres sites où les enfants ont été enterrés
  • adopter une décoration des Nations Unies sur les droits des personnes autochtones
  • reformer les lois, politiques gouvernementales et stratégies contentieuses qui s’appuient sur les concepts de souveraineté européenne
  • identifier, recueillir des copies de tous les documents relatifs à l’histoire et à l’héritage du système des pensionnats indiens et les fournir dans la Commission

Nous pensons qu’il est important de prendre une approche holistique, au-delà de ces appels à l’action.

Il est notamment question d’intégrer la Vérité et la Réconciliation dans l’éducation, les affaires, les programmes pour la jeunesse, etc.

Au-delà de la théorie, la répétition

Plus tard dans la soirée, les voix de la nation mohawk se sont fait davantage entendre. Une participante a interpellé l’assistance. Elle était assise à une table, avec d’autres membres de sa communauté, derrière le cercle de discussion. « Là devant, il n’y a pas d’autochtones. Tous les autochtones sont derrière ! […] Nous avons un cas d’abus d’enfant dans la communauté actuellement. Comment faire pour que ça n’arrive plus jamais ? […] J’espère que nous ne porterons pas notre chandail orange cette année parce que nous avons failli comme humains, comme adultes à protéger nos enfants. J’espère que tout le monde va travailler enfin là-dessus. »

Shelley Trevethan a alors demandé à la participante si elle avait des suggestions. « Je ne sais pas. […] Faites ça si vous voulez, mais qu’on laisse nos enfants tranquilles ! Ils ne méritent pas ça, c’est pour cela qu’on est ici, c’est comme ça que tout a commencé. […] Assurons-nous que les politiques soient à jour. Sécurisez vos emplois bien payés n’est pas satisfaisant. Je suis tellement heurtée par ça. Vous faites passer l’argent avant nos enfants et nos enfants sont le plus important, ils sont notre futur ! »

À côté d’elle, une femme a rebondi sur ses propos : « On cherche des solutions simples à des problèmes complexes et je pense que c’est là que le bât blesse. C’est un bon programme, mais ça ne va pas changer ce qui se passe, les relations et ça ne va pas faire que les gens se sentent confortables. […] Nous ne sommes pas rendus là, on ne reconnait même pas à quel point on est racistes, en tant que Blancs. »

Rencontre - réconciliation Cornwall et Akwesasne
Rencontre réconciliation Cornwall et Akwesasne
Raphaël Machiels - On a le choix
Rencontre - réconciliation Cornwall et Akwesasne
Présentation d'excuses aux anciens élèves des pensionnats indiens
Rencontre réconciliation Cornwall et Akwesasne
Raphaël Machiels - On a le choix

« Il y a un double standard »

Une jeune femme mohawk a également évoqué la notion d’identité. « Comment se reconnecter à sa culture ? », a-t-elle demandé. « Il n’y a pas de place à Cornwall. Je connais beaucoup d’amis qui se coupent les cheveux et qui tentent de se fondre dans le décor. »

Rencontre - réconciliation Cornwall et Akwesasne
Rencontre réconciliation Cornwall et Akwesasne
Raphaël Machiels - On a le choix

« Il faut un Centre d’amitié. Le plus proche est à Ottawa. », a déploré Katherine Wells, directrice des relations gouvernementales et priorités corporatives pour la Ville de Cornwall, avant d’ajouter: « Je veux t’assurer que tu es entendue. »

Un homme resté debout près de l’entrée a été le dernier à s’exprimer. « Nous ne sommes pas les bienvenus, même sur notre propre territoire. Beaucoup de nos gens sont blessés et rien n’est fait, mais si nous sortons de la réserve et faisons quoi que ce soit de mal, tout sera fait, ça passera dans les médias, etc. Il y a un double standard. J’ai perdu un oncle, il a été tué et rien n’a été fait. »

L’homme a expliqué avoir beaucoup de problèmes avec les douanes canadiennes à chaque fois qu’il devait les traverser. Il a souligné la discrimination à laquelle font face les gens de sa communauté. Il s’est dit impuissant. « J’apprécie ce qui se passe ici, j’espère que des choses seront faites. »

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