Évacués de Sandy Lake déplacés à Cornwall : comprendre les feux de forêt

ON A LE CHOIX - En début de semaine, 377 membres de la Première Nation de Sandy Lake sont arrivés à Cornwall. Habitants d’une région aux prises avec les feux de forêt dans le Nord de l’Ontario, ils ont été évacués et recueillis au Centre DEV.
Feu de forêt

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Delphine Petitjean - Rédactrice en chef

On a le choix

Delphine Petitjean
IJL-Réseau.Presse-On a le choix

Rédactrice en chef et journaliste

Delphine est diplômée en études de la communication et des médias ainsi qu'en rédaction web et enseignement. Elle a débuté en presse écrite en Belgique, puis s'est dirigée vers le domaine de l'insertion professionnelle et de la formation. Au Canada, elle a été chargée de projet, a eu quelques collaborations en rédaction, avant de se former à la réalisation documentaire et de co-fonder On a le choix Média.

Coordination de l’accueil

« La Ville de Cornwall est dédiée à fournir un soutien essentiel aux évacués. La Croix-Rouge canadienne est pleinement déployée sur place, dirigeant la coordination de la logistique, des opérations quotidiennes et des enregistrements. », pouvait-on lire dans le communiqué de presse du lundi 9 juin dernier. L’unité de santé de l’Est de l’Ontario et les ambulanciers paramédicaux de Cornwall ont également assuré les soins sur place. Le Conseil mohawk d’Akwesasne s’est impliqué́ afin de garantir un soutien culturellement adapté et une communication efficace avec les évacués.

Besoins immédiats

Le 11 juin, à la suite d’une réunion entre le grand chef d’Akwesasne et le chef Allen de la première nation de Sandy Lake (sur place au Centre DEV), il a été demandé de suspendre tout engagement médiatique pour que la communauté puisse prendre le temps de s’installer et de se concentrer sur ses besoins immédiats. « Les personnes évacuées de la Première Nation de Sandy Lake sont en sécurité et reçoivent un soutien attentionné et respectueux. (…) Nous sommes profondément reconnaissants de la force de la communauté pendant cette période difficile et restons déterminés à collaborer étroitement avec des partenaires comme le Conseil des Mohawk d’Akwesasne et la Croix-Rouge canadienne pour créer un environnement sûr et solidaire. », a déclaré le chef adjoint des pompiers, Leighton Woods.

Une récurrence qui questionne

Notre rédaction s’est interrogée au sujet des feux de forêt, leur fréquence et leur conséquence. Cinq questions ont été adressées à Jonathan Boucher, chercheur scientifique pour le Service canadien des forêts.

1 – Quelles sont les principales causes des incendies de forêt ?

Au Canada, les incendies de forêt ont des origines variées, mais deux grandes catégories se distinguent : les feux causés par la foudre et les feux d’origine humaine. – Nombre de feux : en moyenne, près de 50 % des incendies sont déclenchés par la foudre, tandis que les activités humaines sont responsables de l’autre moitié. – Superficie brûlée : bien que la foudre ne soit responsable que d’environ la moitié des feux, elle est à l’origine de près de 85 % de la superficie brûlée chaque année. Cela s’explique par le fait que les feux causés par la foudre surviennent souvent dans des zones éloignées, où ils peuvent brûler plus longtemps avant d’être maîtrisés. Ces statistiques montrent que, bien que les humains provoquent autant d’incendies que la foudre, leurs feux ont tendance à être plus petits et mieux contrôlés, car il y a des humains sur place pour prendre action rapidement. En revanche, les feux de foudre, souvent situés dans des régions difficiles d’accès, peuvent s’étendre sur de vastes territoires, car souvent détectés plus tardivement. (voir : Base nationale de données sur les feux de forêt du Canada (BNDFFC)) Les incendies de forêt d’origine humaine au Canada peuvent être causés par plusieurs facteurs. Voici les principales sources d’ignition :
  • Activités résidentielles (34 %) : cela inclut les feux de camp mal éteints, les brûlages de déchets et les mégots de cigarette jetés négligemment.
  • Activités récréatives (30 %) : les feux provoqués par des campeurs, des randonneurs ou des véhicules tout-terrain sont fréquents.
  • Opérations industrielles (6 %) : certaines activités industrielles, comme le soudage ou l’utilisation de machinerie lourde, peuvent générer des étincelles.
  • Opérations forestières (5 %) : l’exploitation forestière peut entraîner des incendies, notamment à cause de l’utilisation d’équipements mécaniques.
  • Incendies criminels (4 %) : certains feux sont allumés volontairement par des individus.
  • Chemins de fer (1 %) et autres causes diverses (1 %) : les étincelles produites par les trains ou d’autres sources accidentelles peuvent aussi déclencher des feux.
Ces statistiques montrent que la majorité des incendies d’origine humaine sont évitables avec des précautions adéquates. Par exemple, il est essentiel de bien éteindre les feux de camp et de respecter les interdictions de brûlage en période de sécheresse.

2 – Comment expliquez-vous cette fréquence (puisque nous en avons déjà eu l’année passée, notamment) ?

Il n’y a pas de lien direct entre l’activité des feux de l’année précédente. En fait, ce sont les conditions climatiques avec des conditions favorables aux feux qui peuvent se présenter d’année en année, ce qui est de plus en plus attendu avec les changements climatiques. Si, de surcroît, les combustibles (la végétation) sont présents en abondance suffisante sur le territoire et que les conditions météorologiques favorables au feu sont présentes et qu’il y a des allumages, ont aura donc des feux. Au fil du temps, pour un territoire donné, s’il y a une succession de feux rapprochés dans le temps, cela pourrait nuire à la régénération de la végétation et ultimement mener à une réduction du combustible disponible au feu et ainsi tendre à une diminution des superficies brûlées. Mais nous ne sommes pas encore rendus dans un tel régime, sauf peut-être à certains endroits où un feu de 2025 pourrait brûler jusqu’à la limite d’un feu des années passées.

3 – Quelles seront les conséquences écologiques de l’augmentation des incendies de forêt ?

Comme les feux sont de plus en plus fréquents (en nombre et en superficie) au Canada, et qu’ils le seront de plus en plus avec les changements climatiques, et que leur magnitude devrait aussi augmenter (intensité et sévérité), on s’attend à ce que la trajectoire écologique naturelle diverge suite aux incendies, accélérant ainsi l’effet attendu des changements climatiques. Par exemple, on fera de plus en plus face à des accidents de régénération, donc les forêts risquent d’être moins denses et moins productives, et toute la biodiversité associée serait donc affectée et modifiée. Il peut aussi y avoir des effets sur les cours d’eau et sur la qualité des sols, suite à leur érosion liée à une diminution de la végétation qui aide habituellement à maintenir ces sols. En consumant les végétaux, les incendies de forêt produisent de grandes quantités de fumée, contenant des particules fines de type PM2.5, qui affectent négativement la qualité de l’air et potentiellement, la santé de la population, et ce, sur de grandes distances. Ce qui sera de plus en plus fréquent avec l’augmentation de l’activité des feux. Toutefois, il y a des effets positifs aux feux de forêt : en effet, nos écosystèmes ont évolué avec le feu et y sont relativement bien adaptés. Ainsi, plusieurs espèces dépendent du feu pour leur subsistance et certaines ont développé des adaptations particulières, pensons par exemple aux cônes sérotineux du pin gris qui n’éjectent leur semence qu’après avoir été chauffés.

4 – Que faut-il faire pour éviter les incendies de forêt ?

Prévenir les feux de causes humaines : Ce qu’il faut savoir Comment protéger notre propriété : Soyez Intelli-feu

5 – Y a-t-il d’autres conseils généraux à l’attention du public ou fausses conceptions à propos des feux de forêt que vous aimeriez clarifier ?

  1. Les incendies de végétation sont une perturbation naturelle, et peuvent donc générer des forces comparables à d’autres perturbations naturelles comme des tornades. En effet, lors de conditions extrêmes, comme à Jasper en 2024, la convection générée par le feu peut mener à des vents de plus de 100 km/h et mener à la production de pyrocumulonimbus qui peuvent produire des éclairs et même mener à de nouveaux foyers d’incendie. Ce qui veut dire que dans certaines conditions, nos moyens de combat/suppression (même les avions-citernes) sont totalement inefficaces face à de telles forces. Il faut donc miser sur l’évacuation afin de protéger la population.
  2. Toujours se fier à l’information véhiculée par les sources officielles comme les sites web des provinces et territoires ou encore ceux du CIFFC ou de Ressources Naturelles Canada.,
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