On a le choix
Delphine Petitjean
Rédactrice en chef et journaliste
Delphine est diplômée en études de la communication et des médias ainsi qu'en rédaction web et enseignement. Elle a débuté en presse écrite en Belgique, puis s'est dirigée vers le domaine de l'insertion professionnelle et de la formation. Au Canada, elle a été chargée de projet, a eu quelques collaborations en rédaction, avant de se former à la réalisation documentaire et de co-fonder On a le choix Média.
On a le choix
Raphaël Machiels
Directeur Technique et Caméraman - Monteur
Raphaël est diplômé en Techniques Cinématographiques et en Développement Web. En Belgique, il a travaillé pour la télévision nationale, ainsi que pour les télévisions locales en tant que caméraman - monteur. Il a aussi oeuvré sur des captations de concerts et d'évènements sportifs. Au Canada, il a travaillé dans le Web avant de co-fonder On a le choix Média.
Riverdale, ce quartier qui est tout un univers
« On a le choix » a parcouru des dizaines de milliers de kilomètres en voiture, en quête d’aventures. Mais parfois, c’est à pied qu’on vit les plus beaux voyages. Comme quand au détour d’une rue de son propre quartier, on réalise qu’on a des voisins hors du commun. L’histoire commence en hiver. Nous nous promenons tous les jours et nous marchons devant la maison d’une dame âgée. Elle est assise dans sa chaise berçante. Elle regarde par une grande vitre et nous comprenons rapidement que c’est sa fenêtre sur le monde.
À chacun de nos passages, elle nous envoie la main, plutôt frénétique, le sourire taillé jusqu’aux oreilles. Peu importe l’état du ciel, elle est un rayon de soleil sur notre trajet et une raison de plus d’apprécier notre rituel. Bientôt, la saison change et c’est dehors que la conversation s’engage, timidement. Agenouillée dans le gazon, Irene entretient son jardin avec soin. Volontaire, elle nous explique qu’elle y tient, malgré ses 86 ans. Énergie contagieuse, joie de vivre, œil rieur, Irene sera la protagoniste de notre prochaine histoire de cœur.
Les Fabuleux Anonymes de Cornwall SDG : le choix d’Irene
Nos Fabuleux Anonymes ont-ils quelque chose de spécial ? Oui et non. « On a le choix » pense que chacun mérite potentiellement d’être mis à l’honneur. Il suffit de déceler ce qui fait la différence. Le choix d’Irene est celui de l’humour. « J’étais très timide, très très très timide… Et puis un jour, j’ai décidé d’être moi-même, que ça plaise ou non ! »
Au regard de note histoire personnelle, cette information nous a séduits. Mais quand j’interroge Irene pour savoir à quel moment de sa vie elle a osé se montrer ainsi, elle me répond : « Depuis dix ans, environ. » Il lui a donc fallu 76 ans pour s’assumer. Je veux bien croire qu’elle profite de chaque instant depuis lors. Bien sûr, elle en fait un peu trop, mais elle contrebalance la grisaille que certains semblent porter comme un manteau d’hiver à longueur d’année.
Elle nous raconte ses « meilleurs coups » : comme lorsqu’en vacances, il y a 5 ans, elle a demandé à un groupe de motards si elle pouvait faire un tour sur un de leur engin. Ils ont refusé, mais lui ont accordé une photo qui trône en agrandissement contre un mur. On y voit notre comique, à califourchon sur le bolide, avec derrière elle une dizaine de « bikers » impressionnants et tout le monde est hilare. Qui peut s’attendre à trouver ce genre de trésor dans le salon d’une dame de cet âge ? Pour celui qui sait se détendre, Irene est donc bel et bien très spéciale.
L’humour parce qu’une journée où on ne rit pas est une journée perdue
Happés par les angoisses de performance, les actifs sont pressés et se prennent souvent trop au sérieux. Les personnes âgées ont gagné ce luxe de ne plus avoir rien à prouver. Elles sont parfois bien plus accessibles pour cette raison. Mais pour Irene, ça va au-delà d’aborder son prochain avec décontraction. À 86 ans, elle court contre le temps autant qu’elle le trouve long. Elle tente avec son humour d’apporter une valeur ajoutée à chaque minute qui passe.
Lorsque nous avons sonné à sa porte, notre voisine nous a accueillis sans sourciller. Elle nous a dit : « Vous venez enfin, je suis si contente, entrez ! » En quelque sorte, elle nous attendait. Nous l’avions deviné à travers cette fenêtre. Nous avons bien fait de pénétrer son univers. Dorénavant, nous nous arrêtons toujours quelques minutes près d’Irene. Nous profitons d’un moment suspendu, précieux, pour elle comme pour nous. Le temps de rire à quelques blagues, de vivre et d’échanger.