S’expatrier au Québec : est-ce que ça vaut la peine ? La réponse en 5 questions

Tu envisages de t'établir dans la Belle Province et tu ne sais pas si ce serait une bonne décision ? Même si tout quitter pour un pays étranger prête à rêver, tu dois peser le pour et le contre. Nous sommes passés par là et avons dû gérer nos doutes, mais aussi (et surtout) ceux de notre entourage. Comment savoir si ça vaut la peine de s'expatrier au Québec ? Inspirées des différents commentaires que nous avons reçus, voici cinq questions à te poser avant le grand saut.
Famille expatriée assise vue de dos
Delphine Petitjean - Rédactrice en chef

On a le choix

Delphine Petitjean
Rédactrice en chef et journaliste

Delphine est diplômée en études de la communication et des médias ainsi qu'en rédaction web et enseignement. Elle a débuté en presse écrite en Belgique, puis s'est dirigée vers l'insertion professionnelle et la formation. Au Canada, elle a été chargée de projet, a eu quelques collaborations en rédaction, avant de se former à la réalisation documentaire et de co-fonder On a le choix Média.

Raphaël on a le choix

On a le choix

Raphaël Machiels
Directeur Technique et Caméraman - Monteur

Raphaël est diplômé en Techniques Cinématographiques et en Développement Web. En Belgique, il a travaillé pour la télévision nationale, ainsi que pour les télévisions locales en tant que caméraman - monteur. Il a aussi oeuvré sur des captations de concerts et d'évènements sportifs. Au Canada, il a travaillé dans le Web avant de co-fonder On a le choix Média.

Avis : cet article peut contenir des remises en question de tes convictions et une opinion qui n’est pas la tienne. Il peut ne pas convenir à tous les états d’esprit. Que tu rêves au Québec depuis l’Europe, que tu sois un.e expatrié.e épanoui.e ou dans le déni, une lecture attentive et du discernement sont conseillés.

Le psychologue : « Ça donne l’impression que tu fuis… »

1) S’expatrier au Québec-Est-ce que je le fais pour les bonnes raisons ?

C’était un commentaire à côté de la plaque et en même temps réaliste. En gros, évite de choisir la fuite face à ce qui ne te convient pas. S’expatrier au Québec et penser que la solution va venir d’ailleurs est sans doute une utopie dans bien des cas.

Oui, le bonheur est une question de perception. Quand on vit déjà dans un pays développé, que cherche-t-on dans une expatriation ? Le jeu n’en vaut pas la chandelle pour tout le monde.

En ce qui nous concerne, nous avions besoin de repartir à zéro. C’était assez proche d’une cavale, en effet. Fuir n’est pas toujours une mauvaise idée.

Personnellement, ça me paraît logique, mais je peux développer si tu es sceptique (c’est bien parce que c’est toi 😉)

Plus jeune, notre fils adorait les livres de Monsieur Madame. Nous lui avons lu quelques fois l’histoire de Monsieur Courageux (c’est le jaune avec la casquette rouge et bleue).

Le bonhomme est si brave que même quand la tempête sévit, il sort et affronte les éléments. Il n’hésite pas non plus à plonger dans l’étang pour sauver Monsieur Sale qui se noie.

Finalement, notre héros rencontre Madame Acrobate. Elle lui demande de venir la rejoindre sur une corde en hauteur. Elle s’ennuie et veut papoter du sens de la vie et des amis.

Toujours aussi serviable, Monsieur Courageux y va, mais cette fois, il a super peur. Il descend vite fait et il espère que personne ne l’a vu…C’est sans compter sur Madame Chipie !

Moqueuse, elle le met au défi de grimper à nouveau. Elle invite tous les Monsieur Madame à assister au spectacle. Un peu intimidé, Monsieur Courageux jette un œil en haut, fixe ses pieds et il prend son courage à deux mains pour… fuir !

Le public applaudit. Madame Chipie, qui en plus d’être méchante est un peu stupide (ça va souvent ensemble), ne comprend pas.

Elle dit : « Vous perdez la tête ! Monsieur Courageux n’a pas osé remonter sur la corde. Pourquoi l’applaudissez-vous ? Il n’est pas du tout courageux ! »

Les autres de lui répondre : « Si, si, il est très très courageux, mais il n’est pas idiot ».

Moralité : pourquoi rester dans un endroit où tu ne te sens pas bien ? Ce serait dommage, non ?

Attention ! À tous les Monsieur Madame qui nous lisent : avant de prendre la décision de sexpatrier au Québec, il vaut mieux identifier ce qui ne fonctionne pas. Nous avons fait cet effort. Et surtout, nous étions encore prêts à nous remettre en question. À la fin de l’histoire, l’exil nous correspondait.

Nous étions aussi très indépendants. Si tu te reposes beaucoup sur ton entourage et que ta vie te convient dans les grandes lignes, réfléchis. Partir loin ne vaut peut-être pas le coup. Tu dois bien cerner ta motivation avant de tout plaquer.

S’expatrier au Québec ou ailleurs secoue et te renvoie à toi-même. Les difficultés du quotidien pourraient te rattraper de l’autre côté de l’océan. Il est même probable qu’elles s’amplifient sans le soutien de tes proches. Ce projet demande une introspection, c’est indispensable.

Le résigné : « L’herbe n’est pas plus verte ailleurs »

2) Est-ce que j’idéalise le Québec ?

Imaginons que, par exemple, tu vives dans un petit pays à la météo souvent triste. Tu te sens stressé.e. Tu veux un ciel bleu et des horaires flexibles pour en profiter.✨ Ce sont souvent les raisons invoquées pour s’expatrier au Québec.

Le temps, d’abord. Tu pourrais fantasmer le climat du Canada. Au Québec, on peut passer des étés fantastiques et l’automne… magnifique !🍁

Mais l’hiver, parlons-en ! C’est froid, genre glacial. Le soleil qui te charme entre janvier et mars te prendra en traître. Le plus difficile à supporter, c’est la sensation sur le visage. Ça pique, ça mord, ça brûle.

Tu te dis qu’il suffit de bien se couvrir ? Tu as déjà hâte de skier et d’essayer les randonnées en raquettes ? Fort bien… Même si tu ressens tout le plaisir du monde les premières semaines, n’oublie pas les suivantes !

L’hiver au Québec, c’est long ! En mai, il reste des traces de neige et parfois, on ne dépasse pas les 10 degrés, le vent en prime.

Ajoute la pluie printanière de juin et tu comprendras qu’on réduit la fenêtre de tir pour les barbecues-rosé.

Point de vue professionnel : la conciliation travail-famille est réelle dans le tertiaire. Les enfants, c’est sacré ! Les entreprises offrent beaucoup de flexibilité. Tu as peut-être entendu du bien des employeurs québécois. On dit qu’ils sont plus accessibles, que la hiérarchie est plus horizontale qu’en Europe.

L’ambiance de travail est effectivement plus détendue, en général. Mais les heures supplémentaires, les patrons qui abusent, les collègues pénibles et donc le stress existent au Canada aussi. C’est comme si je t’expliquais que la pluie, ça mouille ? Beh oui, mais c’est ainsi !🤓

La propagande des salons de l’immigration pousse à mettre le Québec sur un piédestal. J’ajouterais que ton chef sera peut-être très agréable… quand tu l’auras trouvé !

Évidemment, les petits boulots sont à la portée de tous. Certains nouveaux arrivants décrochent même un travail dans leur domaine tout de suite. En revanche, beaucoup doivent repasser par la case études.

Je reste songeuse face à l’argent dépensé dans ces retours sur les bancs de l’école. Les expatrié.e.s  préparé.e.s à tous les sacrifices font tourner l’économie.

Et une fois en poste, ton responsable aura sans doute un motif raisonnable de te sourire. Les immigrant.e.s représentent souvent une main-d’œuvre moins chère.

Tu peux avoir un C.V. long comme le bras, tu ne détiens pas la fameuse expérience canadienne. Hop, voilà comment baisser ton salaire en un tournemain, magie ! Ils reconnaissent l’aubaine : bénéficier des compétences d’un.e. chevronné.e à prix modique. Forcément, ça met de bonne humeur.

Pourquoi te plaindre ? S’expatrier au Québec et commencer une nouvelle carrière au Canada, tu es tellement content.e ! On pourrait presque croire qu’ils te font une 🌼. Or, pour profiter des merveilles de l’Amérique du Nord, tu auras besoin de sous.💲💲💲 (et ajoute encore un 💲parce que non, la vie n’est pas moins chère qu’en Europe).

Je connais beaucoup de néo-Québécois.e.s sous-payé.e.s. Certain.e.s affirment aussi gagner plus que dans leur pays d’origine.

Un cas n’est pas l’autre. Sois juste conscient.e que ça peut te prendre quelques années pour atteindre tes objectifs. Les frais dentaires exorbitants si tu n’as pas d’assurance et le régime public de retraite pas folichon sont aussi à prendre en considération.

Tu te sens peut-être prêt.e à relever le défi et à recommencer au bas de l’échelle, si nécessaire ? Admettons que ce soit surtout l’aspect sécuritaire de la Belle Province qui t’intéresse.

Tu as raison. Je te propose une petite mise en situation : tu stationnes ta voiture dans le centre d’une grande ville. Tu pars sans la verrouiller et tu laisses ton portefeuille sur le tableau de bord (apparemment, tu n’es pas bien réveillé.e).

Tu reviens trois heures plus tard. À ton avis, que s’est-il passé? 🥹J’ai vécu cette histoire à Québec.

Coup de chance ou pas, à mon retour, mes papiers et ma « fortune » m’attendaient, intacts. Disons que ma distraction me coûtait plus cher en Belgique.

Maintenant, parlons propreté. Tu n’en peux plus de slalomer entre les crottes de chien et les poubelles sur le trottoir ? C’est compréhensible. Je te confirme que Québec et les villes des régions sont super propres.

L’entretien des installations est impressionnant. Nous payions autant d’impôts qu’en Europe, mais nous nous rendions compte de leur utilité.

L’eau est incluse dans la taxe municipale ainsi que l’accès aux piscines et bibliothèques.

En somme, ce serait génial : un milieu urbain agréable, de grands espaces, une nature superbe. C’est possible un peu partout, sauf peut-être à Montréal.

Qui dit mégalopole, dit criminalité et pollution accrue. Sélectionne ton lieu d’établissement en fonction des perspectives professionnelles et du type d’environnement où tu veux vivre.

Renseigne-toi sur les opportunités (réelles) d’emploi, les conditions d’accès à ton métier ou ce que tu pourrais choisir si tu devais te réorienter. Tu dois tenir compte de la reconnaissance des diplômes pas toujours évidente et des professions régies par les ordres professionnels. Il existe également des organismes d’aide à la relocalisation.

Si tu veux payer pour ce service, ils offrent un accompagnement dans toutes sortes de démarches d’installation.

Que ce soit dans une grande ville ou en région, tente de visualiser au mieux ce qui t’attend. C’est une étape essentielle avant de s’expatrier au Québec. Même bien préparé.e, on peut encore avoir des surprises !

L’admiratif (un peu malpoli quand même 🤭) : « Vous avez des c… »

3) Qu’est-ce qui demande le plus de courage ? S’expatrier au Québec ou rester ?

Quand on te dit que tout le monde a son avis… Après la fuite, l’audace. Nous n’avons jamais vu notre expatriation comme un signe de bravoure. C’était une évidence. Persister dans l’inconfort aurait nécessité plus d’endurance.

Qu’on se construise une vie meilleure dans son pays d’origine ou ailleurs, le projet implique souvent des efforts. La personne qui bâtit une maison sur son lopin de terre me paraît autant valeureuse que celle qui choisit de partir.

Ironiquement, celle qui a commenté nos « attributs » n’aurait jamais souhaité quitter la Belgique. Elle n’en avait pas le profil.

D’autres nous ont dit la même chose : « Vous êtes courageux, moi aussi j’aurais aimé le faire, mais je ne veux pas tout recommencer ». Le nœud du problème, c’est la deuxième partie. Beaucoup ne le veulent pas vraiment. Sinon, ils trouveraient l’élan et les solutions pour s’expatrier au Québec.

Il reste ceux et celles qui sont convaincu.e.s que leur envie d’évasion est contrariée par les éléments (travail, famille…). Nous en avons connu. Pour la plupart, des gens qui cherchaient juste une raison de se plaindre.

Je ne sais pas si c’est dû à la différence d’environnement, mais les Nord-Américain.e.s ont un tempérament beaucoup plus positif. Après quelques mois passés ici, ça contribue à diminuer ton score sur l’échelle du stress.

Allez, on félicite les défaitistes, les grincheux et les grincheuses ! Ça demande du cran de poursuivre sa vie dans des conditions si difficiles. La morosité et la mauvaise humeur prennent de l’énergie.

De ton côté, définis ce qui te tente le plus. Tu peux détenir autant de ressources que n’importe qui. C’est à toi de décider où tu veux investir tes efforts : partir ou rester. En général, la seule envie de s’expatrier au Québec  représente un bon début à la réflexion.

L’anxieux : « J’ai un ami qui a fait la même chose, il a bu le bouillon »

4) Est-ce que je suis prêt.e à subir l’échec et à me relever ?

Ah la peur ! TREMBLEZ PAUVRES MORTELS ! Les médias de masse nous y conditionnent (sauf quand un reportage t’explique que s’expatrier au Québec est comme vivre le Paradis sur Terre). On doit toujours craindre quelque chose. L’ami qui s’est planté, ça entretient l’imaginaire. Une histoire à se raconter, un petit drame dont on raffole.

Bon, la vérité ? Nous aussi, on a bu la tasse. Les expatrié.e.s qui débarquent avec leurs beaux euros convertis en dollars canadiens représentent un marché juteux.

Sur les terres de la fleur de lys, c’est parfois un défi de savoir combien un service te coûtera. Tu as beau te renseigner, on te remet difficilement un devis clair. Et même quand tu l’obtiens, le montant final est souvent gonflé. C’est comme ça, que ça te plaise ou non.

Je me souviens aussi de mon premier examen dentaire à Québec. Pendant le nettoyage, j’ai d’abord eu l’impression que l’hygiéniste avait décidé de détruire mon émail. Ensuite, le dentiste m’a annoncé que j’en avais pour au moins cinq mille dollars de soins, un vrai chantier.

J’ai demandé un deuxième avis chez un expatrié colombien. Ce « Monsieur Courageux » avait repris une partie de sa formation pour pouvoir exercer au Canada. Il m’a dit que je n’avais aucun problème particulier…

Bref, faire affaire avec les Québécois n’est pas de tout repos et on y a laissé une grosse partie de nos économies.

Il faut apprendre et devenir vigilant, ou ne plus rien acheter au Québec (c’est encore mieux). En plus, nous n’avions pas de revenu stable les premiers temps. Nous sommes repartis à zéro et c’était risqué. Nous avons mis presque quatre ans à récupérer deux emplois permanents et une maison à nous.

Et surtout, nous avons vécu des situations effarantes, à tous les niveaux. Assez pour comprendre que nous serions toujours des « Maudits Français » dans la Belle Province, pas si belle à voir que ça de l’intérieur.

Méfie-toi du mirage de l’immigration dans un Eldorado, c’est dangereux pour la santé financière et psychologique. Personnellement, je pourrais en écrire un livre.

Reste que si s’expatrier au Québec n’était pas la meilleure des décisions, retourner en Belgique ne représentait pas une option. Nous étions prêts à jouer, perdre et relancer. Notre jackpot, c’était finalement Cornwall, en Ontario, la ville de notre choix.

À nouveau, tout est question d’intention. De ton côté, quelle est ta tolérance au risque ? Tu connaîtras toujours un ami d’un ami qui… mais ce n’est pas toi.

Comme dirait Oscar: « Soyez vous-même, les autres sont déjà pris ! ». Si tu y crois, que tu peux miser sur ta résilience en cas de pépin, alors fonce !

Le touriste : « Vous avez raison, j’y suis allé en vacances et le Québec, c’est super, tellement mieux qu’ici ! »

5) Est-ce que j’ai juste envie d’un long voyage ou est-ce que je veux vraiment vivre ailleurs ?

Une grosse partie des Européen.ne.s francophones envisagent comme une évidence de s’expatrier au Québec sans considérer les autres provinces canadiennes. Le Québec n’est pas spécialement super (même si le vacancier de retour te jure le contraire).

Rêve éveillé, réalité moyenne ou cauchemar, chacun le vit à sa manière. C’est logique. Les Québécois.e.s se qualifient souvent de communauté « tissée serrée ». Tu devras persévérer pour passer entre les mailles, personnellement et professionnellement.

Or, tu pourrais en conclure que les efforts à fournir dépassent tes limites. Bien sûr, certain.e.s expatrié.e.s ont vite amélioré leur situation, voire vivent des histoires à succès. Par exemple,  Allo Simone, une entreprise à laquelle nous avons consacré un reportage.

Seulement, pour imaginer le quotidien, tu dois comprendre que le Québec se revendique distinct du Canada. Le gouvernement provincial est très nationaliste.⚜️

Passer tes congés annuels dans un lieu étranger n’a rien à voir avec t’y installer. En tant que touriste, tu trouveras sûrement les Québécois.e.s accueillant.e.s. Les problèmes peuvent commencer quand on saisit que tu comptes rester.

Rien ne t’oblige à faire comme nous. Demande un PVT (Programme Vacances Travail), pars avec un permis de travail et donc un employeur. Tu pourras évaluer si ça peut te convenir.

Ce qui te semblait exotique en vacances te tapera peut-être sur les nerfs dans la vie de tous les jours. La première fois que nous sommes allés à Montréal, nous aimions écouter les radios.

Les animateurs et animatrices parlent souvent de tout et de rien. C’est relax, pas vraiment de journalisme, plutôt des chroniques. Nous trouvions ça amusant.

Peu après notre installation à Québec, je n’en pouvais plus de leurs théories fumeuses qui s’étirent pendant des heures. Les médias québécois offrent une tribune à des intervenant.e.s pas très futé.e.s. Beaucoup sont incapables de nuance et certain.e.s propagent la hargne. À mon humble mon avis, ce n’est pas idéal pour le climat social.

Les réflexions sur ton accent paraissent aussi bon enfant quand tu voyages pour trois semaines. Si tu es déjà établi.e depuis cinq ans, ça peut devenir assommant. Il aura fallu que je traverse un océan pour découvrir que j’étais française !

Et puis, se déraciner pour vivre ailleurs n’est simplement pas anodin. Tes habitudes pourraient te manquer plus que tu ne l’imagines.

Je connais des Belges qui ont adopté des réflexes de survie que je trouve étranges. Je pense qu’ils seraient capables de parcourir toute la province pour se fournir en chocolat ou andalouse importés.

Bon, pour la sauce, ça peut se comprendre. On veut profiter des dix barbecues annuels ! Sérieusement, la nourriture est quand même un aspect essentiel.

Je suis à deux doigts de verser une larme alors que j’essaie de mastiquer l’horreur de baguette élastique que je viens d’acheter à l’épicerie. Oui, je pense encore aux « vrais » sandwichs que je mangeais en Belgique.

Nous avons aussi rencontré un couple de Français qui avait émigré dans la quarantaine bien sonnée. Ils avaient apporté l’entièreté de la maison. Verres à bières spéciales et bibelots, tout était prévu pour reconstituer le salon du pays. Ils nous ont dit : « On ne voulait rien laisser ».

Ils n’avaient pas l’air de s’adapter à leur nouvelle vie. Peut-être parce qu’ils n’étaient pas prêts à tirer un trait sur l’ancienne… L’immigration implique toutes sortes de deuils.

D’ailleurs, lorsque tu devras affronter le décès d’un.e proche à distance, tes certitudes risquent encore d’en prendre un coup.

Enfin, tu pourrais apprécier retrouver un goût d’Europe dans ta terre d’accueil, mais pas pour tout ! Par son influence française, le Québec souffre d’une pathologie que tu connais bien : une bureaucratie lourde à mourir.

L’État s’immisce partout (Régie du logement, Régie de l’assurance maladie…). Tu devines le résultat : plus de contrôle et moins d’efficacité.😒

Vieillir là-bas n’est pas très réjouissant. L’accessibilité aux soins de santé est questionnable pour une nation développée. Notre quotidien y était pesant, compliqué pour rien et l’horizon s’avérait assez limité.

Même si l’Ontario fonctionne avec un système similaire, nous nous y sentons beaucoup plus libres et en sécurité. C’est à Cornwall que changer de pays en quête d’une vie meilleure a pris du sens.

Après huit ans au Québec, nous n’espérions plus qu’on nous attribue un médecin de famille. Ici, nous l’avons eu en deux semaines. Notre docteur est d’origine iranienne, nous venons de Belgique. Tout le monde est surtout canadien et parle anglais avec un « accent ». Ça ne dérange personne.

Je dois aller porter ma voiture au garage tout à l’heure. Je ne me demande pas si le changement d’huile pourrait coûter la moitié de ma paie. Rien n’est parfait, mais ma vie est sereine depuis que j’ai déménagé dans une autre province.

Avant de t’ implanter quelque part, tu dois considérer beaucoup d’éléments. Si tu peux d’abord passer par la case long séjour et prendre le pouls, fais-le.

Finalement, nous avons dû pousser un peu plus loin pour découvrir l’endroit où nous voulions vivre. Tu l’auras compris, le chemin n’a pas été sans embûche.

Nous ne regrettons rien, ça valait la peine de persévérer. Nos conseils : sois au clair avec ton intention et choisis l’expatriation si tu penses que ce départ t’apportera une réelle plus-value.

Opte d’abord pour un long séjour. Imagine au mieux ce qui t’attend, glane un maximum de renseignements. Si tu m’as lue, c’est sans doute que les avis des autres t’ intéressent.

Dans ce cas, prends-en plusieurs. Tout le monde ne verra pas les choses comme nous et beaucoup se disent très épanoui.e.s au Québec. Essaie de recouper les informations. Mais de toute façon, tu dois vivre ta propre expérience.

Dans cet article, j’ai juste voulu déconstruire le mythe de l’Eldorado. Le but ? T’éclaircir l’esprit pour t’éviter d’y laisser des plumes. Nous aurions peut-être gagné à être plus avisés. Note qu’une dose d’inconscience est quand même nécessaire pour passer à l’action.

Alors, s’expatrier au Québec : est-ce que ça vaut la peine ? Si tu en as toujours envie après avoir répondu objectivement à ces cinq questions, probablement.

Retiens toutefois que le Canada est un pays magnifique, bien plus vaste que sa province francophone…

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