On a le choix
Delphine Petitjean
Rédactrice en chef et journaliste
Delphine est diplômée en études de la communication et des médias ainsi qu'en rédaction web et enseignement. Elle a débuté en presse écrite en Belgique, puis s'est dirigée vers le domaine de l'insertion professionnelle et de la formation. Au Canada, elle a été chargée de projet, a eu quelques collaborations en rédaction, avant de se former à la réalisation documentaire et de co-fonder On a le choix Média.
On a le choix
Raphaël Machiels
Directeur Technique et Caméraman - Monteur
Raphaël est diplômé en Techniques Cinématographiques et en Développement Web. En Belgique, il a travaillé pour la télévision nationale, ainsi que pour les télévisions locales en tant que caméraman - monteur. Il a aussi oeuvré sur des captations de concerts et d'évènements sportifs. Au Canada, il a travaillé dans le Web avant de co-fonder On a le choix Média.
Traverser le Canada en motorisé : l’Ontario nous retient encore un peu
Nous n’avons pas laissé l’Ontario aussi vite que prévu. Tu te souviens que je parlais d’orage dans l’article précédent Traverser le Canada en motorisé (partie 1) ? Prémonition ! Au menu de nos aventures en quittant Thunder Bay : un essuie-glace qui se détache, à deux doigts de se faire la malle sous une pluie torrentielle. Sans pouvoir dégager l’eau du pare-brise, nous devons bien entendu nous arrêter. Un homme gare sa voiture et vient voir si Raphaël a besoin d’aide. Je me dis que c’est gentil à lui de se tremper jusqu’aux os. Il ne peut rien faire, mais il est concerné.
L’essuie-glace replacé, nous repartons sur la Transcanadienne. C’est bientôt l’heure du souper. Nous nous stationnons dans une halte pour préparer un petit quelque chose, puis on décide de rouler encore un peu. Il est 22h30 quand nous repartons, mas la nuit est très claire et le ciel semble parsemé de nuages cotonneux et orangés. Après une heure de route, nous nous cherchons un endroit pour dormir. Le lendemain, nous démarrons pour arriver à Winnipeg dès que possible.
Un véhicule pour traverser le Canada : à Winnipeg, nous rencontrons Frank et Jutta
À White River, nous avions repéré un 4×4 gris arrêté à côté de nous. Son design avait attiré notre œil. Nous avions pu vérifier que la plaque était allemande. Arrivés à Winnipeg, nous nous stationnons un peu en dehors de la cité, puis décidons de partir dans le centre. En chemin, nous reconnaissons le 4×4 sur le bord de la route et le hasard nous fait sourire. Nous profitons d’une belle soirée. Avec un tour en bateau, nous découvrons la ville où se mélange une architecture moderne et des bâtiments plus traditionnels dont l’influence vient de Chicago.
Nous passons devant un ancien restaurant, situé au beau milieu du pont principal. Notre guide nous raconte que l’établissement a fermé, entre autres, parce qu’il ne possédait pas de stationnement direct. C’est qu’en plein hiver, au Canada, il faut quand même un sacré courage pour marcher sur un pont jusqu’à l’emplacement où on veut aller souper ! Le froid a eu raison de potentiel.le.s client.e.s. Après la visite, les anecdotes et une pizza, nous repartons vers l’endroit où nous allons passer la nuit.
À notre notre retour, nous découvrons que la voiture allemande est stationnée à quelques mètres de nous. Nous ne pouvons pas nous empêcher d’y voir un signe et d’aller cogner à la porte pour en savoir plus. Nous avons bien fait ! Nous découvrons ainsi Frank et Jutta, un couple charmant qui concrétise enfin un grand voyage. Ils ont accepté de nous accorder une entrevue. Ils nous racontent leur expérience et nous présentent leur véhicule. De cette belle rencontre, nous notons cette phrase de Jutta : « Ne postposez rien, vivez vos rêves, car on ne sait jamais ce qui peut arriver ».
Traversée de la Saskatchewan : une nature et une ville mystérieuses
Heureusement, traverser le Canada en motorisé ne se fait pas tout droit. Nous avons pris le temps d’un détour de trois heures pour faire la connaissance des fameux chiens de prairies, dans le Parc national des Prairies, en Saskatchewan. Sur la route, la nature est très sauvage. Le vert et le jaune des plaines, le bleu du ciel: une palette de couleurs pastels qui nous donnent l’impression d’entrer dans un long songe.
Les seuls hameaux traversés sur le chemin ne montrent pas âme qui vive. Un panneau de bois annonce finalement le nom d’une bourgade où on aperçoit juste un bureau de poste et une pompe à essence. Nous voulons faire le plein et découvrons qu’il faut une carte spéciale, réservée aux fermiers. Rien ne nous invite à rester et pourtant, à la sortie du village, un écriteau dit : « Revenez nous voir ». On sourit, c’est digne du far-west.
Il est possible de passer la nuit dans le Parc national des Prairies et c’est presque effrayant tant c’est désert. Le campement est vraiment rudimentaire. Les petites bêtes qu’on voulait rencontrer ne nous ont pas déçus. C’est incroyable, il y en a partout. Nous avons eu du mal à les filmer, car dès que l’homme s’approche, la sentinelle avertit le troupeau qui commence à siffler, puis se réfugie sous terre.
Dans la Saskatchewan, nous avons aussi découvert la ville de Moose Jaw, très jolie ! Nous avons visité les tunnels de Moose Jaw. Au fil d’un long dédale sous-terrain, des acteurs nous comptent la vie d’Al Capone. Une belle aventure faite de mystère et de contrebande. De quoi nous mettre en bouche pour la suite de notre périple vers l’Ouest.
L’Alberta: entrée dans l’Ouest par la capitale mondiale des dinosaures
Et c’est ici que ça devient du sérieux ! Dès qu’on arrive en Alberta, le paysage change. Au milieu des montagnes, nous sommes séduits par cette carte postale de western, summum de notre traversée du Canada en motorisé. Sur le bord des routes, des hommes et des femmes se déplacent en calèches : ce sont les mennonites. Je me souviens d’ un reportage que nous avions vu sur ces communautés. C’était tourné en Utah et j’avais été bien intriguée par leur vie secrète. Bref, c’est l’Amérique profonde, nous sommes dépaysés.
Nous nous arrêtons à Drumheller, dans les Badlands. Nous allons y passer quelques jours. Si vous avez l’occasion de voyager dans l’Ouest canadien et que vos enfants sont fans de dinosaures, vous devez absolument venir dans les Badlands. Il y en a PARTOUT ! Dès que vous tournez la tête, vous en trouvez un. Certains sont plus ou moins réussis, mais on a vite saisi qui est l’emblème local. Nous avons exploré le plus important lieu de découverte des fossiles. Gaspard et Camille ont adoré.
Le East Coulée School Museum est un autre coup de coeur. Ce musée reconstitue le décor des écoles dans les années trente. Une visite qui ne nous rajeunit pas. Le vieux carrousel ressemble étrangement à celui qu’on poussait des heures à en dégommer nos semelles et jusqu’au tournis quand nous étions petits. Nous apprenons aussi que les enseignantes n’avaient pas la plus trépidante des vies, disons. Un règlement affiché dans la salle de classe indique, entre autres, qu’elles devaient rester célibataire pendant toute leur carrière, ne pouvaient pas sortir de chez elle entre huit heures du soir et six heures du matin, et surtout, ne pas fréquenter les bars laitiers, lieux de débauche, s’il en est ! Toute une époque !
À Drumheller, nous avons également visité un parc d’attraction digne de Jurassic Parc. Cette activité a conclu notre voyage, accompagnée d’un superbe coucher de soleil sur les montagnes. À cause du temps qui nous manquait, nous avons fait demi-tour avant d’atteindre Calgary et la Colombie-Britannique. Même si notre traversée du Canada en motorisé nous a menés moins à l’ouest qu’on aurait voulu, nous nous concentrons déjà sur le meilleur de nos souvenirs et sur la suite de nos aventures. À la revoyure pour d’autres découvertes !