
On a le choix
Delphine Petitjean
IJL-Réseau.Presse-On a le choix
Rédactrice en chef et journaliste
Delphine est diplômée en études de la communication et des médias ainsi qu'en rédaction web et enseignement. Elle a débuté en presse écrite en Belgique, puis s'est dirigée vers le domaine de l'insertion professionnelle et de la formation. Au Canada, elle a été chargée de projet, a eu quelques collaborations en rédaction, avant de se former à la réalisation documentaire et de co-fonder On a le choix Média.

On a le choix
Raphaël Machiels
Directeur Technique et Caméraman - Monteur
Raphaël est diplômé en Techniques Cinématographiques et en Développement Web. En Belgique, il a travaillé pour la télévision nationale, ainsi que pour les télévisions locales en tant que caméraman - monteur. Il a aussi oeuvré sur des captations de concerts et d'évènements sportifs. Au Canada, il a travaillé dans le Web avant de co-fonder On a le choix Média.
Genèse du partenariat
En 2020, la Dr Julie Crevier a choisi de s’inscrire au programme de bourse d’études de la Ville de Cornwall. En échange d’une aide financière de 150.000 $, la professionnelle de santé s’est engagée à exercer dans la municipalité pendant cinq ans après sa formation.
Originaire d’Alexandria, elle a voulu y élire domicile et étendre sa pratique en médecine familiale dans les comtés de SDG. C’est pourquoi l’entente initiale a été revue. Il s’agit d’un premier partenariat qui permet à la Dr Crevier de partager maintenant son temps entre Cornwall et SDG.
Dans le cadre de ce nouvel accord, la Ville recevra 75 000 $ des comtés au cours des cinq prochaines années pour couvrir la moitié du montant de la bourse d’études perçue. Cet argent sera versé à la réserve de recrutement médical de Cornwall.

Une bonne nouvelle pour la région
Le Dr Crevier travaille à l’hôpital de Glengarry et de Winchester. Pour la partie clinique, elle collabore avec le Centre de santé communautaire de l’Estrie à Cornwall et à Alexandria.Une collaboration accueillie très favorablement lorsque l’on sait qu’au 24 janvier 2024, plus de 15 000 résidents de la région des comtés SDG n’avaient pas de fournisseur de soins primaires. En mars 2022, le Conseil des comtés a été informé que si les médecins de famille n’étaient pas recrutés, environ 3 150 patients se retrouveraient sans médecin.
« Nous avons besoin de Cornwall, c’est notre ville et Cornwall a besoin de nous parce que nous sommes les gens qui viennent en ville et contribuent à son activité. », estime Martin Lang, le préfet de SDG.
Même s’il est conscient qu’il faudra du temps pour résoudre le problème de pénurie de médecins, l’élu se veut optimiste. « Si nous pouvons avoir un programme comme celui-là avec un engagement pour cinq ans à rester dans la région, nous pouvons garder les médecins. Si vous vivez ici pour un moment, vous pouvez apprendre à aimer cette région, à connaître les gens et il y a une meilleure chance de rester. »
Les défis de la médecine rurale
« La médecine rurale, ce que j’aime beaucoup, c’est qu’on apprend sur le tas. Donc, c’est vraiment se débrouiller avec les ressources et services qu’on a et être très autosuffisant en tant que médecin. », souligne la Dr Crevier.
Prête à relever les défis qui l’attendent, elle déplore cependant le manque d’accès aux spécialistes et aux services d’imagerie. « C’est très difficile parce que comme personne, comme médecin, tu veux être capable d’offrir tous les services dans les délais les plus brefs à tous tes patients. Ça devient très frustrant, non seulement pour les patients, mais pour nous aussi. »
Le médecin effectue pour le moment une semaine à une semaine et demie de travail de garde par mois en milieu hospitalier et 4 à 10 jours de clinique mensuelle.
Ça fait plusieurs années que l’organisation des médecins, on pousse à avoir plus de médecins formés, avoir plus de collègues qui peuvent partager la tâche de s’occuper de tous ces patients, surtout à mesure que la population moyenne vieillit.
Dr Julie Crevier
Centre de santé communautaire
« On a une liste d’attente qui nous permet de choisir les clients du public général en ordre chronologique. On a ouvert notre liste d’attente en 2023, pour une période de 12 mois et il y a 3500 personnes qui se sont inscrites. Alors, on l’a fermée puisqu’on n’est pas capables d’accueillir ce nombre de nouveaux clients là dans un délai raisonnable. », explique Etienne Grandmaître Saint-Pierre, gestionnaire des soins primaires pour le Centre de santé communautaire de l’Estrie. Il souligne cependant l’accès aux services pour les personnes vulnérables.
« Par exemple, on a des ententes pour fournir des soins à des enfants qui ont des enjeux d’hyperactivité et de trouble de l’attention. Quand ils sont orphelins, il n’y a personne pour leur offrir la médication. Donc, les clients de ce programme-là, on les accepte. On accueille des clients qui sont en voie de devenir orphelins de pratique de médecins qui prennent leur retraite, on accueille des clients qui sont orphelins et qui reçoivent des soins de l’hôpital général d’Ottawa pour des maladies infectieuses. »


Groupe de travail sur le recrutement médical
« En Ontario, ce n’est pas un secret, toutes les communautés ont des difficultés d’accès aux soins primaires et à attirer et retenir les médecins. Si on peut travailler ensemble avec nos voisins et les autres niveaux de gouvernement pour retenir les médecins ici, c’est important. », estime Justin Towndale. En mai dernier, le maire de Cornwall a mis sur pied un groupe de travail sur le recrutement médical.
« Nous avons eu des rencontres avec des professionnels du monde médical, des médecins et des représentants des hôpitaux dans la région et nous avons obtenu des rétroactions sur la façon dont nous pouvions contribuer pour attirer les médecins et notre but est de rapporter ces recommandations au conseil municipal plus tard cette année pour qu’il les approuve et que nous puissions lancer un nouveau programme. ».
Parmi les observations, le maire a notamment entendu les enjeux de reconnaissance des diplômes pour les médecins formés à l’étranger en raison des examens à passer et de leur coût. « Il y a eu une suggestion que nous pourrions fournir des fonds pour aider avec ça. »
Ce qu’on entend vraiment des médecins, c’est qu’ils préfèrent des solutions clé en main. Beaucoup de docteurs veulent juste traiter les patients, ils ne veulent pas s’inquiéter de l’aspect administratif. Ça inclut d’avoir une assistante administrative. D’autres municipalités ont fait ça, et c’est quelque chose auquel nous devrions regarder sérieusement parce qu’il y a peut-être une opportunité pour nous d’offrir ce service.
Justin Towdale
Un espace de soins pour les francophones
À Cornwall, on a vu des messages de plaintes sur les réseaux sociaux quant au fait que la Dr Crevier acceptait exclusivement des patients francophones.
Étienne Grandmaître Saint-Pierre explique ce choix. « Cornwall est une ville suffisamment grande pour recevoir d’autres services et soins médicaux en anglais. Ce qu’on cherche à faire, c’est d’offrir un espace pour des soins de santé en français. La majorité des francophones sont bilingues, mais pas tous. Mais même ceux qui sont bilingues, quand on est en douleur, en souffrance, on peut ne pas avoir les mots pour s’exprimer aussi clairement dans notre deuxième langue et ne pas comprendre aussi bien les détails de situations complexes médicales. », précise-t-il.
L’offre de service étant plus limitée à Alexandria, les patients anglophones y sont accueillis.
« Si on peut attirer un docteur, même si c’est pour les francophones, c’est quand même positif pour notre région. Alors, on continue notre travail, on a des opportunités pour attirer d’autres médecins ici à Cornwall qui sont anglophones. L’année passée, on a donné une bourse à un homme qui est anglophone. Il est encore à l’école, mais quand il va revenir à Cornwall, je ne sais pas s’il est bilingue, mais je pense qu’il va travailler en anglais. Il y a un équilibre à avoir. », explique Justin Towndale.